Dix-neuf personnes ont été tuées à la machette mercredi en territoire de Beni, région de l'est de la République démocratique du Congo théâtre de massacres attribués à des rebelles ougandais, selon un nouveau bilan officiel obtenu jeudi.

«Nous déplorons la mort de 18 personnes plus une femme enceinte qui a été décapitée», a déclaré à l'AFP Amisi Kalonda, l'administrateur du territoire. Il avait donné mercredi un bilan de cinq morts, alors qu'une ONG locale avait parlé de dix personnes tuées.

Au total, a précisé M. Kalonda, 13 hommes et six femmes ont péri dans le massacre, et neuf des victimes ont été décapitées.

Cinq personnes ont été blessées, a ajouté l'administrateur. Il a accusé, sans apporter de preuve, les rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF) d'être responsables de cette nouvelle tuerie.

Selon M. Kalonda, l'attaque a eu lieu dans la matinée de mercredi à Mbau, à 280 km au nord de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. Les victimes, selon lui, ont été surprises par leurs assaillants alors qu'elles se rendaient aux champs.

Un photographe travaillant pour l'AFP a assisté à l'exhumation de dix d'entre elles dans la ville d'Oicha, où deux autres avaient été enterrées la veille.

Grande ville du Nord-Kivu et place commerciale régionale importante, Beni, à environ 250 km au nord de Goma, est le fief des Nande, une communauté dont les dirigeants s'étaient ralliés massivement à une milice soutenue par l'Ouganda pendant la deuxième guerre du Congo(1998-2003).

Les ADF sont une milice opposée au président ougandais Yoweri Museveni et présente en RDC depuis 1995. Elle est accusée d'être responsable des tueries ayant endeuillé la région de Beni depuis octobre 2014.

D'octobre à décembre, plus de 260 personnes, essentiellement des civils (hommes, femmes et enfants), ont été tuées à Beni et dans ses environs dans une succession de massacres commis principalement à l'arme blanche.

En décembre, une opération conjointe de l'armée congolaise et de la Mission de l'ONU pour la stabilisation du Congo (Monusco) avait contribué à ramener le calme. Les tueries n'ont cependant pas cessé complètement et se sont étendues à des zones limitrophes de la Province-Orientale au tournant de l'année.

Depuis le 1er janvier, cinquante-cinq personnes au moins ont ainsi péri dans des attaques similaires dans le territoire de Beni ou en Province-Orientale.

Les relations entre la Monusco et les autorités congolaises se sont nettement détériorées au début de l'année, en raison d'un désaccord sur la façon de mener à bien l'offensive contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) réclamée avec insistance par la communauté internationale pour mettre hors d'état de nuire ces rebelles hutu rwandais présents dans l'est du pays depuis plus de vingt ans.

Selon plusieurs diplomates en poste à Kinshasa, le renouvellement du mandat de la Monusco pour un an, fin mars par le Conseil de sécurité, n'a pas amélioré les choses, et les Casques bleus et l'armée congolaise n'entretiennent toujours aucune coopération militaire depuis plusieurs mois.