Au moins 15 personnes ont été tuées dans l'attaque mardi du ministère de l'Éducation à Mogadiscio, menée par les insurgés islamistes shebab qui ont fait exploser une voiture piégée contre le bâtiment avant d'y lancer un commando armé.

«Les ambulances ont transporté au moins 15 corps et 20 blessés», a indiqué à la presse Abdukadir Abdirahman Adan, chef des services ambulanciers de Mogadiscio.

Le précédent bilan, fourni par la police, faisait état de neuf morts, dont un policier, et une douzaine de blessés, dont un haut responsable du ministère de l'Éducation.

«Une voiture chargée d'explosifs a enfoncé le portail et une fusillade a suivi à l'intérieur du ministère», a expliqué un responsable de la police, Mohamed Dahir. Un autre responsable policier, Ahmed Weli Malim, a assuré dans l'après-midi que le bâtiment était désormais «sécurisé» et que les forces gouvernementales en avaient repris le contrôle.

«Tous les assaillants ayant mené l'attaque ont été tués», a assuré l'Agence nationale de renseignement et de sécurité somalienne (Nisa, services de renseignement) dans un communiqué.

Selon Mohamed Yusuf Osman, porte-parole du ministère de la Sécurité, le commando était composé de six personnes. «Les forces de sécurité (somalienne) et les troupes de l'Amisom (Force de l'Union africaine en Somalie) ont abattu quatre assaillants tandis que les deux autres se sont fait exploser», a-t-il expliqué.

Les shebab, en recul militairement, multiplient les attentats à Mogadiscio, notamment contre des bâtiments officiels, suivant souvent le même modus operandi.

Ils ont notamment attaqué en 2014 par deux fois chacun le Parlement et la Villa Somalia - complexe ultra-sécurisé abritant la présidence et les bureaux de premier ministre -, mais aussi le siège des services somaliens de renseignements. Des convois de l'ONU ou le QG de la Force de l'Union africaine en Somalie (Amisom) le jour de Noël, ont également été visés.

Trois hôtels, abritant des délégations étrangères ou des réunions gouvernementales, ont également été attaqués de façon similaire depuis le début de l'année, faisant au moins 44 morts.

Guérilla et attentats 

Un porte-parole du groupe islamiste, Abdulaziz Abu Musab, a revendiqué l'attaque, affirmant à l'AFP que des militants armés avaient «pris le contrôle» du ministère de l'Éducation, alors que des tirs étaient toujours entendus.

Selon ce porte-parole, des hommes armés ont également pénétré à l'intérieur du ministère du Pétrole voisin, ce qui n'a pas été confirmé dans l'immédiat.

On ignorait dans l'immédiat si les assaillants avaient été tués ou s'ils avaient pris la fuite.

Les insurgés qui luttent contre le gouvernement soutenu par la communauté internationale ont essuyé depuis août 2011 une série ininterrompue de revers militaires. Ils ont été chassés de Mogadiscio et contraints d'abandonner un à un leurs fiefs du centre et du sud du pays.

Ils multiplient depuis les actions de guérilla et les attentats parfois spectaculaires, y compris au Kenya voisin, en représailles à l'intervention en Somalie de l'armée kényane qui les combat depuis octobre 2011.

Les shebab ont notamment revendiqué l'attaque de l'université de Garissa, le 2 avril, où 148 personnes, en majorité des étudiants, ont été tuées. Une série d'attaques et de raids islamistes en territoire kényan ont fait plus de 400 morts depuis le spectaculaire assaut mené en septembre 2013 par un commando shebab contre le centre commercial Westgate de Nairobi (au moins 67 morts).

Les islamistes ont juré la perte du fragile gouvernement somalien, soutenu à bout de bras par la communauté internationale et qui peine à asseoir son autorité au-delà de Mogadiscio.

La Somalie a plongé dans le chaos et est privée de gouvernement effectif depuis la chute du président autoritaire Siad Barre en 1991 qui a livré le pays aux milices claniques, gangs criminels et groupes islamistes.

Bien que considérablement affaiblis et incapables de faire face aux 22 000 hommes et à la puissance de feu supérieure de l'Amisom, les shebab restent considérés par les experts comme la principale menace pour la paix dans le pays et plus largement pour la sécurité en Afrique de l'Est.

En 2010, les islamistes somaliens avaient aussi revendiqué un double attentat dans la capitale ougandaise, Kampala, qui avait fait 76 morts.