La reprise de l'aide militaire des États-Unis à l'Égypte, partiellement gelée en 2013 après que l'armée eut destitué le président islamiste élu Mohamed Morsi, sert les objectifs stratégiques des deux pays, notamment la lutte contre le terrorisme, a estimé mercredi le président égyptien.

Barack Obama a annoncé mardi par téléphone à son homologue Abdel Fattah al-Sissi la reprise des livraisons d'armes lourdes à l'Égypte, notamment la livraison prochaine de 12 avions de combat F-16, de 20 missiles Harpoon, ainsi que des pièces détachées de chars Abrams M1A1.

«La reprise de l'aide militaire américaine à l'Égypte et de la livraison d'armes dont les contrats étaient déjà signés, va permettre de réaliser les objectifs stratégiques communs des deux pays», notamment «dans leurs efforts pour combattre les extrémistes et les terroristes et assurer la sécurité dans la péninsule du Sinaï», a répondu M. Sissi à M. Obama lors de leur conversation téléphonique, selon un communiqué de la présidence.

L'Égypte apparaît comme le fer de lance d'une future force conjointe annoncée dimanche par les pays membres de la Ligue arabe notamment pour «combattre les groupes terroristes», le groupe Etat islamique (EI) en tête, et participe activement aux bombardements aériens sur les positions des rebelles Houthis au Yémen, par une coalition arabe emmenée par Ryad.

Le Sinaï, frontalier d'Israël et de l'enclave palestinienne de Gaza, est le bastion de la branche égyptienne de l'EI, qui y multiplie les attentats contre l'armée et la police.

Dénonçant la très sanglante répression qui s'était abattue sur les partisans de M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Égypte et destitué le 3 juillet 2013 par le général Sissi alors chef de l'armée, les États-Unis avaient gelé l'aide de 1,5 milliard de dollars qu'ils versaient chaque année à cet allié stratégique dans la région, dont 1,3 milliards en assistance militaire.

Une partie, 572 millions de dollars, avait été dégelée après l'élection de M. Sissi à la présidence en mai 2014, notamment avec la livraison d'hélicoptères d'attaque Apache.

Mais la répression n'a pas cessé en Égypte et s'est même étendue à toute opposition, islamiste mais aussi laïque et libérale. Plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués dans les semaines qui avaient suivi la destitution de M. Morsi, et plus de 15 000 de ses partisans sont emprisonnés. Des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés par l'ONU de «sans précédent dans l'Histoire récente» du monde.