Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a affirmé dimanche qu'un troisième auteur de l'attentat du Bardo était recherché, assurant qu'il n'irait «pas très loin», et promis des sanctions contre les responsables des défaillances sécuritaires autour du musée.

Au lendemain de la diffusion par les autorités d'une vidéo montrant deux assaillants armés à l'intérieur du Bardo pendant l'attaque, M. Caïd Essebsi a évoqué l'existence d'une troisième personne directement impliquée, selon lui, dans l'attentat ayant coûté la vie à 20 touristes étrangers et un policier.

«Sûrement, il y en avait trois [...]. Deux sont exécutés, mais il y en a un qui maintenant court un peu», a affirmé le chef de l'État, interviewé par des médias français. Mais «de toute façon, il n'ira pas très loin», a-t-il ajouté, sans plus de précision sur le rôle de ce suspect.

Une vidéo sur l'attaque, tirée en partie de caméras de surveillance, a été diffusée samedi soir par le ministère de l'Intérieur. Elle montre les deux assaillants déambulant dans le musée, kalachnikov à la main, capuche rouge sur la tête pour l'un et casquette à l'envers pour l'autre.

Des photos montrent ensuite leur cadavre, puis l'extrait se termine au pied d'un escalier. Encore vivants, ils croisent un homme qu'ils laissent partir en courant après un bref échange.

Le secrétaire d'État aux affaires sécuritaires, Rafik Chelly, a affirmé au site de l'hebdomadaire français Paris Match que cette troisième personne de la vidéo était «un des deux chauffeurs de Vespa qui a amené les tueurs, puis qui a voulu fuir en constatant l'importance de la riposte policière déjà sur place».

«Les chauffeurs et d'autres soutiens logistiques de la cellule, soit un total de 15 personnes, sont déjà derrière les barreaux», a-t-il ajouté.

Le ministère de l'Intérieur avait indiqué samedi à l'AFP que plus de dix personnes avaient été arrêtées.

Ce même jour, le ministère avait aussi publié un avis de recherche à l'encontre de «Maher Ben Mouldi Kaïdi», «élément terroriste dangereux [...] recherché dans le cadre de l'opération terroriste». Il s'agirait, d'après M. Chelly à Paris Match, de celui qui a coordonné l'attaque sans avoir directement ouvert le feu sur les touristes.

Jusqu'à présent, les autorités n'avaient fait état que de deux assaillants, tués par les forces de l'ordre: Jabeur Khachnaoui, un lycéen originaire de la région de Kasserine (ouest), et Yassine Laabidi (ou Abidi), 27 ans, dont la famille vit dans le Grand Tunis.

Réouverture mardi

«ll y a une enquête qui va aller très loin», a martelé dimanche Béji Caïd Essebsi, après avoir déposé une gerbe devant le musée en hommage aux victimes.

Une source à la présidence a par ailleurs indiqué à l'AFP qu'une marche, menée par M. Caïd Essebsi, était prévue dimanche prochain, en leur mémoire et «contre le terrorisme».

Le chef de l'État a par ailleurs souligné qu'une autre enquête en cours déterminerait les responsabilités liées aux failles sécuritaires autour du Bardo. Un touriste français de retour de Tunis a affirmé samedi à Marseille qu'on y rentrait «comme dans un moulin».

«Je vous garantis que ceux qui sont auteurs de ces dysfonctionnements auront affaire à l'administration», a clamé M. Caïd Essebsi. La veille, il avait estimé qu'«en amont, la police et le renseignement» n'avaient «pas été assez systématiques pour assurer la sécurité du musée».

Des djihadistes ralliés au groupe EI avaient menacé la Tunisie d'attaques ces dernières semaines. Et, selon les autorités, près de 500 Tunisiens ayant combattu en Syrie, en Irak ou en Libye sont de retour chez eux.

Les deux auteurs de l'attentat, formés au maniement des armes en Libye selon Tunis, étaient connus des services de police.

L'attentat du Bardo est le premier à toucher des étrangers en Tunisie depuis 2002. C'est aussi le premier revendiqué par l'EI, qui sévit en Libye voisine, en Syrie et en Irak et compte des centaines de Tunisiens dans ses rangs.

Principal musée du pays, le Bardo rouvrira ses portes mardi, a confirmé à l'AFP son conservateur, Moncef Ben Moussa, soulignant que les pièces archéologiques étaient «intactes».

«C'est un défi mais c'est aussi un message [...]. Ce qui s'est passé nous touche tous mais nous voulons dire qu'ils [les auteurs de l'attentat] n'ont pas atteint leur objectif», a-t-il déclaré.