Le conflit au Soudan du Sud, entré dans son 16e mois,ne se terminera que par la victoire militaire de l'un des deux camps, a estimé jeudi à Addis Abeba un porte-parole des rebelles.

«Les combats continueront jusqu'à ce qu'un camp soit défait» militairement, a déclaré Lony Ngundeng, porte-parole militaire des rebelles fidèles à l'ancien vice-président Riek Machar, qui affrontent depuis décembre 2013 l'armée sud-soudanaise loyale au président Salva Kiir.

«Le monde entier s'est tourné vers le Soudan du Sud, mais la diplomatie n'a rien apporté», a souligné cet ex-colonel de l'armée sud-soudanaise, après le constat d'échec, le 6 mars, des pourparlers de paix à Addis Abeba entre MM. Kiir et Machar.

Après un an de négociations stériles dans la capitale éthiopienne, qui n'ont débouché que sur une série de cessez-le-feu jamais respectés, les deux dirigeants n'ont pas réussi à s'accorder sur une formule de partage du pouvoir, suscitant la colère de la médiation de l'Igad, organisation intergouvernementale est-africaine.

Durant les pourparlers, des observateurs ont régulièrement mis en doute la sincérité de MM. Kiir et Machar dans les négociations, les accusant de discuter tout en continuant à privilégier la solution militaire.

Mercredi, M. Kiir avait déjà enterré un peu plus les espoirs de paix, en excluant d'avoir M. Machar comme vice-président dans le cadre d'un partage du pouvoir.

L'option privilégiée par les négociateurs était que M. Kiir reste président tandis que la vice-présidence irait à M. Machar, fonction qu'il a occupée jusqu'à son limogeage par le chef de l'État en juillet 2013, en raison de rivalités entre les deux dirigeants du jeune régime.

«Même si un accord de paix était signé, comment allez-vous convaincre les gens dont la famille a été tuée de l'accepter?», a par ailleurs souligné Lony Ngundeng, en référence aux massacres et atrocités sur des bases ethniques qui ont accompagné les combats.

Tout en faisant part de ses doutes concernant une solution politique, il a néanmoins assuré que les pourparlers de paix «n'étaient pas terminés» et pourraient reprendre.

Le conflit au Soudan du Sud, indépendant depuis juillet 2011 seulement, a éclaté le 15 décembre 2013 au sein de l'armée sud-soudanaise, minée par des antagonismes politico-ethniques alimentés par la rivalité entre MM. Kiir et Machar.

Des groupes armés et milices tribales - plus ou moins contrôlables - ont depuis rejoint l'un ou l'autre camp.

Le porte-parole rebelle a par ailleurs estimé inacceptable que M. Kiir et M. Machar soient exclus du pouvoir durant une période de transition post-conflit et que les rênes du pays soient confiées à un triumvirat international, comme l'a proposé une Commission d'enquête de l'Union africaine (UA).

«S'ils veulent (faire du Soudan du Sud) un protectorat de l'ONU, les gens ne l'accepteront pas», a-t-il lancé.

Dans un document préparatoire obtenu par l'AFP, cette Commission d'enquête recommande que le Soudan du Sud soit confié à un «Groupe de supervision» constitué d'un trio de personnalités mandatées par l'UA et l'ONU, afin d'exclure «une classe politique irresponsable» de la gestion du pays.

L'UA, qui a pour l'heure refusé de rendre publiques les conclusions de la Commission, a nié l'authenticité de ce document.

Aucun bilan officiel du conflit au Soudan du Sud n'est disponible dans l'immédiat, mais des observateurs avancent le chiffre de dizaines de milliers de morts. Plus de deux millions de personnes ont été chassées de chez elles et le pays est au bord de la famine.