Un passager d'un minibus a été tué dimanche dans l'explosion d'une bombe près d'un hypermarché Carrefour et trois personnes ont été légèrement blessées dans deux autres attentats à Alexandrie, dans le nord de l'Égypte, et a indiqué la police.

Les attentats sont devenus relativement fréquents dans le pays.

Les plus meurtriers ciblent la police ou l'armée mais, depuis quelques semaines, des engins explosifs rudimentaires et de faible puissance explosent dans les rues égyptiennes à un rythme quotidien, notamment au Caire, ne faisant le plus souvent ni dégâts ni blessés.

Récemment, des engins similaires ont explosé ou ont été désamorcés devant des succursales de banques étrangères, des opérateurs de téléphonie mobile britannique Vodafone et émirati Etisalat, sans faire de victime.

C'est ce genre de bombe, dissimulée en bordure de route, qui a explosé dimanche à quelques mètres d'un hypermarché sous franchise du groupe français Carrefour à Alexandrie, la deuxième ville du pays sur la côte méditerranéenne, ont indiqué des responsables de la police. Un passager d'un minibus passant par là a été tué et six passants blessés, ont-ils précisé.

Un périmètre de sécurité a été dressé par la police. Ces mêmes responsables avaient initialement assuré que la façade de l'hypermarché avait été endommagée par endroits, mais d'autres officiers ont plus tard contredit cette information.

Par ailleurs, trois passants ont été légèrement blessés par une autre bombe près d'un commissariat d'Alexandrie, selon les mêmes sources. Enfin, un autre engin de faible puissante a explosé sans faire ni dégâts ni blessés devant un autre commissariat de la ville.

Les experts expliquent ces attentats menés au moyen de bombes très rudimentaires par la volonté de leurs auteurs de créer un sentiment d'insécurité dans l'esprit des investisseurs étrangers, à quelques jours d'une conférence économique internationale. Le gouvernement organise cet évènement vendredi à Charm el-Cheikh, célèbre station balnéaire sur la mer Rouge, pour attirer les capitaux étrangers après trois années de chaos ayant poussé l'économie de l'Égypte au bord du gouffre.

Mais les attaques les plus sophistiquées et meurtrières sont revendiquées par des groupes djihadistes, dont la branche égyptienne du groupe État islamique (EI), Ansar Beït al-Maqdess, et visent essentiellement les forces de sécurité, notamment dans le nord de la péninsule du Sinaï. Les groupes djihadistes disant agir en représailles à la répression sanglante qui s'est abattue sur les partisans de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi, destitué par l'armée en juillet 2013.

Selon le gouvernement, des centaines de policiers et soldats ont été tués depuis la destitution de M. Morsi.

Dans le même temps, les forces de sécurité ont tué plus de 1400 manifestants pro-Morsi et emprisonné plus de 15 000 sympathisants islamistes. Des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs, suscitant de sévères condamnations de la part de l'ONU et d'organisations de défense des droits de l'Homme.

Ces dernières accusent le pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée tombeur de M. Morsi, d'être plus répressif encore que celui de Hosni Moubarak, chassé par une révolte populaire début 2011.

Les autorités ont d'ailleurs pendu pour la première fois samedi un pro-Morsi, condamné pour des violences meurtrières à Alexandrie en juillet 2013.