Au moins 27 personnes ont été tuées mardi dans deux attentats visant des gares routières bondées du nord-est du Nigeria, en proie aux tueries du groupe islamiste Boko Haram, à cinq semaines à peine des élections générales du 28 mars.

Si Abuja a récemment affirmé avoir repris militairement plusieurs localités symboliques du nord-est - ce que conteste Boko Haram - les deux attentats de mardi démontrent une nouvelle fois l'extrême capacité de nuisance de l'insurrection islamiste.

Malgré ces attentats, le président nigérian Goodluck Jonathan a affirmé mardi soir que «le vent (était) en train de tourner en défaveur de Boko Haram» et que «le temps du deuil pour les victimes des attaques terroristes incessantes (serait) bientôt derrière nous».

À Kano, la plus grande ville du nord du pays, les «attentats-suicide» ont été perpétrés à 15 h 40 (9 h 40 heure de Montréal) par deux hommes qui venaient de descendre d'un bus, selon le porte-parole de la police de Kano, Musa Magaji Majia.

«Dix personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées par l'explosion», a-t-il déclaré. Un peu plus tôt, un commerçant de la gare décrivait une scène d'horreur: «Un bus était éclaboussé de sang et de restes humains».

Quatre heures plus tôt environ, à Potiskum, la capitale économique de l'État de Yobe, un attentat avait visé un bus bondé dans la gare de Tashar Dan-Borno, à la périphérie de la ville.

«Nous avons 17 morts et 27 blessés», a indiqué à l'AFP une infirmière de l'hôpital public de la ville où les victimes de l'attentat ont été transportées.

Située à 280 km à l'est de Kano, sur l'axe routier très important rejoignant Maiduguri, la capitale de l'État voisin de Borno, Potiskum a été le théâtre de plusieurs attentats à la bombe, attribués au groupe islamiste armé Boko Haram, qui en a revendiqué plusieurs.

Dimanche, une fillette d'environ sept ans portant une bombe s'est ainsi fait exploser sur un marché de vente et réparation de téléphones mobiles à une heure d'affluence. Sept personnes ont péri ainsi que la fillette.

Mine au Niger

Cette série d'attentats intervient alors que le gouvernement nigérian a affirmé récemment avoir repris deux localités stratégiques aux combattants de Boko Haram. Monguno tout d'abord, une ville-garnison contrôlée par les insurgés depuis le 25 janvier, et Baga samedi.

Baga avait été capturée par Boko Haram le 3 janvier, ainsi qu'une douzaine de villages alentour. Dans les jours qui avaient suivi, des centaines de civils, voire plus, avaient été massacrés, une attaque décrite comme «la plus destructrice» de Boko Haram par Amnesty International.

Depuis 2009, l'insurrection de Boko Haram et sa répression par les forces nigérianes ont fait plus de 13 000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria, essentiellement dans le nord-est du pays, où le groupe extrémiste contrôle des pans entiers de territoire.

Les exactions du groupe et son expansion géographique ont provoqué un report au 28 mars des élections générales initialement prévues au 14 février.

Ce report a suscité la crainte d'une résurgence de violences électorales, pour le moment limitées, dans ce pays le plus peuplé d'Afrique où l'insécurité demeure préoccupante: lundi, une missionnaire américaine a été kidnappée dans le centre du pays, selon la police qui soupçonne un enlèvement crapuleux.

La menace principale demeure toutefois Boko Haram dont le leader Abubakar Shekau a promis, dans une vidéo diffusée via Twitter, de tout faire pour empêcher la tenue des élections présidentielle et parlementaires du 28 mars. Le compte Twitter en question a été suspendu mardi.

Le groupe a par ailleurs étendu ses attaques au Cameroun, Niger et Tchad, qui le combattent à leurs frontières, et même sur le sol nigérian pour les troupes tchadiennes. Celles-ci ont repris récemment aux islamistes plusieurs localités comme Gamboru et Dikwa (nord-est), proches de la frontière camerounaise.

Mardi matin, deux soldats nigériens ont été tués et quatre autres blessés lorsque leur véhicule a sauté sur une mine à Bosso, dans le sud-est du Niger, selon une source sécuritaire nigérienne. Cette source a assuré que la mine avait été posée par des éléments de Boko Haram.

Le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin ont annoncé le 7 février la mobilisation de 8700 hommes dans une force multinationale anti-Boko Haram qui doit encore obtenir l'aval du Conseil de sécurité des Nations unies.