Les chefs d'État d'Afrique centrale se sont réunis lundi à Yaoundé pour élaborer une stratégie commune destinée à «éradiquer» le groupe islamiste Boko Haram, qui sévit dans le nord-est du Nigeria et les régions frontalières des pays voisins.

Dans l'extrême-nord du Cameroun, cinq soldats ont été tués dans «une série d'accrochages» avec Boko Haram au cours desquels 86 combattants ont également perdu la vie, selon l'armée camerounaise.

«Il nous faut éradiquer Boko Haram», a réaffirmé le président camerounais Paul Biya devant cinq autres chefs d'État de la région à l'ouverture des travaux, organisés sous l'égide de la Communauté économique des États d'Afrique centrale (CEEAC).

Autour du président Biya étaient présents Idriss Deby Itno (Tchad), Ali Bongo Ondimba (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo), Teodoro Obiang Nguema (Guinée Equatoriale) et Catherine Samba Panza (Centrafrique), ainsi que des délégations venues de République démocratique du Congo, de Sao Tome et Principe, du Burundi et de l'Angola.

Le Nigeria, bien que principalement touché par l'insurrection de Boko Haram, n'était pas présent, car il ne fait pas partie de la CEEAC.

Pas de «compromis»

Les islamistes de Boko Haram sont les «partisans d'une société obscurantiste et tyrannique», a estimé le chef de l'État camerounais. Soulignant «une totale impossibilité de compromis» avec «ces ennemis», il a rappelé que la lutte engagée contre le «terrorisme» n'était pas «une croisade contre l'islam».

Depuis des mois, le groupe islamiste a multiplié les incursions dans l'extrême-nord du Cameroun, commettant des massacres dans les villages, posant des mines antipersonnelles sur les axes routiers et s'en prenant désormais directement aux positions de l'armée.

Un responsable opérationnel de l'armée camerounaise a affirmé à l'AFP que «plus de 1000» combattants suspectés d'être liés à Boko Haram sont actuellement détenus à la prison de Maroua, chef-lieu de la région de l'Extrême-Nord, après des opérations de ratissage, et seront «mis à la disposition de la justice».

Le 7 février, les pays de la région, déjà réunis à Yaoundé, s'étaient engagés à mobiliser 8700 hommes dans une force multinationale contre le groupe islamiste.

Le président tchadien Idriss Deby, également président en exercice de la CEEAC, a pour sa part affirmé que «Boko Haram n'aura pas droit de cité en Afrique centrale». Son armée intervient depuis début février contre Boko Haram au Cameroun, au Niger et au Nigeria.

M. Deby a appelé à une plus grande mutualisation des efforts contre le groupe islamiste, qui a ces derniers mois frappé le Nigeria et le Cameroun à de multiples reprises, et cible désormais également le Tchad et le Niger.

Depuis les attaques sanglantes du groupe islamiste à la frontière entre le Niger et le Nigeria, les réfugiés affluent par milliers à Zinder, la deuxième ville du Niger, qui vit dans la crainte de voir arriver des islamistes infiltrés.

Le président tchadien a exhorté les États de la CEEAC «qui ne sont pas encore touchés» par les attaques des islamistes «à manifester leur solidarité agissante» et invité «la communauté internationale à apporter tout son soutien, matériel, diplomatique, financier, logistique et humanitaire aux efforts de la CEEAC».

50 milliards d'aide d'urgence 

A la clôture des travaux, les pays de la CEEAC se sont notamment engagés à apporter une «aide d'urgence» d'un montant de 50 milliards de FCFA (76,2 millions d'euros) ainsi que des soutiens en «troupes», en «équipements militaires» et des «appuis aériens», selon le communiqué final.

Cette somme, destinée à appuyer le Cameroun et le Tchad, «reste à mobiliser par les États», a toutefois souligné une source gouvernementale camerounaise.

Ils ont également encouragé «particulièrement» le Nigeria, très critiqué pour son incapacité à venir à bout du groupe armé, «à accroître les synergies avec les autres pays du bassin du Lac Tchad», tout en soulignant la «coopération exemplaire» du Tchad et du Cameroun dans ce domaine.

L'armée nigériane a affirmé lundi avoir récupéré la ville-garnison de Monguno, dans l'État de Borno, une ville stratégique qui était tombée le 25 janvier aux mains du groupe islamiste Boko Haram.

«Lors d'une opération militaire menée avec des frappes aériennes très bien coordonnées, nos troupes ont accompli ce (lundi) matin la mission de déloger les terroristes de Monguno et de ses environs», a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Chris Olukolade, dans un communiqué.

L'armée nigériane a souvent évoqué des victoires sur Boko Haram, démenties ensuite sur le terrain. Mais si ses déclarations concernant Monguno se confirmaient, cela représenterait un nouveau recul des islamistes.