Boko Haram a répondu vendredi à l'offensive lancée par N'Djamena contre le groupe islamiste avec une première attaque sur le territoire tchadien, s'infiltrant sur les rives du lac Tchad où cinq personnes ont été tuées près d'un site de réfugiés.

De l'autre côté du lac, au Niger, les forces de sécurité ont arrêté jeudi un «important chef» présumé de Boko Haram, qualifié de «financier» des islamistes dans la zone proche de la ville de Diffa, selon un responsable politique de cette région, attaquée plusieurs fois depuis une semaine par les islamistes.

L'attaque au Tchad s'est produite vers 3 h du matin (21 h heure de Montréal). Les islamistes ont traversé le lac Tchad à bord de quatre «hors-bord» (grandes pirogues motorisées) et ont pris d'assaut la presqu'île de Ngouboua, sur la rive tchadienne du lac, a affirmé à la radio nationale le porte-parole de l'armée tchadienne, le colonel Azem Bermandoa Agouna.

«Ils ont commencé à tirer sur tout ce qui bouge, les militaires ont riposté», a déclaré le colonel, ajoutant que les islamistes avaient ensuite fui en direction du Nigeria avec des militaires «à leurs trousses».

Le bilan officiel fait état d'un mort et quatre blessés parmi les militaires tchadiens, le chef de canton ayant également été tué par une «balle perdue». Côté Boko Haram, deux combattants ont péri et cinq autres été blessés.

Une source sécuritaire a pour sa part affirmé à l'AFP que quatre civils - dont le chef de canton - et un militaire avaient trouvé la mort.

L'aviation tchadienne est entrée «en action» et a détruit tous les «hors-bord» des assaillants, selon cette source.

Le lac Tchad était jadis un carrefour commercial stratégique pour les quatre pays riverains (Tchad, Cameroun, Niger et Nigeria) mais depuis des mois, l'insécurité paralyse les échanges économiques.

Il s'agit de la première attaque de Boko Haram sur le sol tchadien, alors que le Tchad a engagé ses troupes dans de violents combats contre le groupe islamiste au Nigeria, notamment à la frontière camerounaise.

Le village de Ngouboua, situé sur une presqu'île à 18 km du Nigeria, accueille plus de 7000 réfugiés de ce pays, qui avaient pour la plupart fui les attaques, souvent émaillées de massacres, de Boko Haram depuis début janvier.

«Nous n'avons pas encore beaucoup de détails, les autorités (tchadiennes) sont en train d'arriver sur place», a déclaré à la mi-journée à l'AFP le représentant adjoint du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), Mamadou Dian Balde, joint par téléphone.

Mais, a-t-il ajouté, «je ne crois pas que leur (Boko Haram) objectif était d'atteindre les réfugiés, c'était plutôt le village» tchadien.

Un commerçant recrutant les jeunes

À Diffa, au Niger, un riche commerçant nigérien a été arrêté jeudi et est décrit par un élu local comme «le chef suprême de Boko Haram à Diffa mais également son financier».

D'après une source humanitaire, l'homme a été «neutralisé par l'armée» nigérienne «à l'aide d'infos données par l'armée française», présente dans la région. Son interpellation expliquerait le calme récent à Diffa, où les «éléments infiltrés» ne sont «plus guidés», a-t-elle ajouté.

Natif de Diffa, Kaka Bounou, alias «Capitaine», est âgé d'une trentaine d'années, selon un habitant de Diffa, qui le présente comme le «banquier» qui «recrute les jeunes» pour le compte des islamistes. «Ses liens avec Boko Haram» étaient «bien connus de tous» mais «personne n'osait le dénoncer par peur de représailles», a-t-il souligné.

La sanglante insurrection de Boko Haram contrôle de vastes territoires du nord-est du Nigeria, où elle a fait depuis 2009 au moins 13 000 morts.

Jeudi encore, les islamistes ont tué au moins 21 personnes dans deux attaques distinctes de villages nigérians situés à proximité de Maiduguri, capitale de l'État de Borno (nord-est) et berceau de l'insurrection. Quelques heures plus tard, un attentat-suicide commis par une femme à Biu, toujours dans l'État de Borno, faisait au moins 11 morts.

Le HCR a demandé vendredi une aide humanitaire d'urgence pour les réfugiés qui continuent de fuir en masse le nord-est du Nigeria. Au total, 100 000 personnes ont gagné le Niger, 40 000 le Cameroun et 17 000 le Tchad, selon le HCR, qui souligne qu'il y a près d'un million de déplacés internes au Nigeria.

L'insurrection a pris ces derniers mois une ampleur régionale. Les pays du bassin du lac Tchad (Tchad, Niger, Nigeria, Cameroun et Bénin) ont prévu de mobiliser 8700 hommes dans une force militaire multinationale contre le groupe islamiste.

Les réfugiés n'étaient «pas visés»

Il s'agit de la première attaque du groupe islamiste nigérian sur le sol tchadien, alors que le Tchad a déjà engagé ses troupes dans de violents combats contre le groupe au Nigeria.

Le village de Ngouboua, situé sur une presqu'île à 18 km du Nigeria, accueille plus de 7000 réfugiés de ce pays qui avaient pour la plupart fui les attaques particulièrement meurtrières de Boko Haram depuis début janvier. Traversant le lac en pirogue, des milliers de civils se sont ainsi éparpillés sur des dizaines d'îlots tchadiens.

«Nous n'avons pas encore beaucoup de détails, les autorités (tchadiennes) sont en train d'arriver sur place», a déclaré à l'AFP le représentant adjoint du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), Mamadou Dian Balde, joint au téléphone.

Le responsable s'est dit «très touché par le décès du chef de canton. On n'a jamais eu quelqu'un d'aussi généreux, il avait accueilli des milliers de réfugiés à Ngouboua» dans des conditions extrêmement difficiles.

Mais, a-t-il ajouté, «je ne crois pas que leur (Boko Haram) objectif était d'atteindre les réfugiés, c'était plutôt le village» tchadien.

La sanglante insurrection de Boko Haram contrôle de vastes territoires du nord-est du Nigeria où elle a fait au moins 13 000 morts depuis 2009.

Jeudi encore, les islamistes ont tué au moins 21 personnes dans deux attaques distinctes de villages situés à proximité de Maiduguri, la capitale de l'État de Borno (nord-est) et berceau de l'insurrection. Quelques heures plus tard, un attentat suicide commis par une femme à Biu, toujours dans l'État de Borno, faisait au moins 11 morts.

L'insurrection a pris ces derniers mois une ampleur régionale. Les pays du bassin du lac Tchad (Tchad, Niger, Nigeria, Cameroun et Bénin) ont prévu de mobiliser 8.700 hommes dans la force multinationale contre le groupe islamiste.

Le Niger a rejoint lundi le Cameroun, engagé depuis plusieurs mois dans sa région de l'Extrême-nord infiltrée par les insurgés, et le Tchad, mobilisé depuis un mois.

Prenant l'initiative, le président tchadien Idriss Deby Itno avait décidé de lancer ses troupes - déployées de part et d'autre du lac Tchad - dans la bataille, sans attendre.

Le 3 février, son armée a mené une grande offensive terrestre au Nigeria à partir du Cameroun, reprenant aux islamistes la localité nigériane frontalière de Gamboru après de durs combats.

Mais le lendemain, Boko Haram a mené une contre-attaque à Fotokol, particulièrement sanglante: 13 militaires tchadiens, six soldats camerounais et 81 civils ont péri dans cet assaut, selon Yaoundé.

Les islamistes ont également lancé la semaine dernière les premières attaques meurtrières au Niger, où 109 combattants de Boko Haram, quatre militaires et un civil ont été tués.