Des soldats soudanais ont violé plus de 200 femmes en octobre 2014 dans la localité de Tabit, au nord de la province soudanaise du Darfour, affirme l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch dans un rapport publié mercredi.

HRW a interrogé par téléphone en novembre et décembre une cinquantaine d'habitants et d'anciens habitants de Tabit pour établir 27 cas de viols et obtenir «des informations crédibles sur 194 autres cas».

Selon le rapport, ces viols ont été perpétrés pendant une «attaque organisée» qui a duré 36 heures au total, à partir du 30 octobre, les soldats allant de maison en maison, et certaines des victimes avaient moins de 15 ans.

Deux déserteurs de l'armée soudanaise ont affirmé aux enquêteurs de HRW que leurs supérieurs leur avaient donné l'ordre «de violer des femmes».

Pour HRW, ces viols «pourraient constituer des crimes contre l'humanité s'il est prouvé qu'ils s'inscrivent dans une attaque systématique et de grande ampleur contre la population civile».

L'organisation demande à la Cour pénale internationale, qui est saisie du dossier Darfour depuis 2005, d'enquêter et elle exhorte le Conseil de sécurité de l'ONU et l'Union africaine à faire pression sur Khartoum.

Pour le directeur Afrique de HRW Daniel Bekele, «le gouvernement soudanais doit arrêter de nier et autoriser immédiatement l'accès à Tabit aux Casques bleus et à des enquêteurs internationaux».

Khartoum a nié catégoriquement les viols et refuse de laisser la mission conjointe de l'ONU et de l'Union africaine au Darfour (MINUAD) revenir dans le village après une première visite non concluante.

Bien que les Casques bleus n'aient pas découvert de preuves de viol lors de leur unique visite le 9 novembre à Tabit, un rapport confidentiel de l'ONU a fait état d'intimidations auxquelles se serait livrée l'armée dans le village au moment où la MINUAD enquêtait. Des soldats soudanais suivaient et enregistraient les entretiens des Casques bleus avec les villageois.

La MINUAD est déployée depuis 2007 pour protéger les civils et sécuriser l'aide humanitaire destinée au Darfour, en proie à des violences depuis le soulèvement en 2003 de rebelles contre le pouvoir central et les élites arabes.

Le gouvernement soudanais souhaite que la MINUAD quitte progressivement le pays et l'ONU étudie les options possibles.