Trébucher n'a rien d'exceptionnel. Surtout à l'âge vénérable de 90 ans. Et le fait d'être un chef d'État n'y change rien. Bref, la planète aurait fait bien peu de cas de la chute du président zimbabwéen Robert Mugabe, mercredi, si son régime autoritaire n'avait pas lui-même attiré l'attention sur l'incident en tentant de le censurer.

Résultat: les moqueries affluent maintenant sur les réseaux sociaux.

Rentrant d'Éthiopie, où il avait pris part au sommet de l'Union africaine, le président Mugabe s'est adressé à des partisans qui l'attendaient à l'aéroport d'Harare, capitale zimbabwéenne.

En se dirigeant vers sa luxueuse Mercedes noire, le nonagénaire a raté une marche et s'est retrouvé à genoux, sur le tapis rouge, sans être blessé.

Des photographes de presse qui avaient capté la scène ont rapporté avoir été forcés d'effacer les images par la garde présidentielle. Mais le bruit courait déjà. Le ministre de l'Information Jonathan Moyo a donc tenu à rectifier les faits: le président n'est pas tombé, il est parvenu «à arrêter sa chute», a-t-il déclaré au quotidien d'État Zimbabwe Herald.

Malheureusement pour lui, la vérité finit toujours par surgir. L'agence Associated Press a mis la main sur les images. Et les internautes s'en donnent à coeur joie en trafiquant la photo afin d'illustrer le président en déséquilibre dans des situations toutes plus loufoques les unes que les autres et en les répandant avec le mot-clic #MugabeFalls (Mugabe tombe).

Ce souci de préserver à tout prix l'image du président n'a rien d'étonnant de la part d'un régime régulièrement dénoncé pour ses atteintes graves à la liberté d'expression et aux droits de l'homme en général.

Dans son rapport annuel 2014, l'organisation Human Rights Watch dénonçait à nouveau les «restrictions et l'intimidation» dont sont victimes les journalistes et les représentants de la société civile au pays de Robert Mugabe, héros de l'indépendance aujourd'hui tombé en disgrâce. Le Zimbabwe, jadis prospère, a aujourd'hui sombré dans la déchéance.

L'éternel président célébrera ses 91 ans dans précisément deux semaines. Il en avait 56 quand il a pris le pouvoir, en 1980. À l'époque, le Zimbabwe s'appelait encore la Rhodésie du Sud et bon nombre de ses sujets n'étaient pas nés.

Photomontage tiré de Twitter

Photomontage tiré de Twitter