La Cour suprême de justice congolaise a décidé mercredi de juger Vital Kamerhe, un des opposants les plus actifs au président Joseph Kabila après avoir été son allié, pour une affaire de diffamation vieille de plus de trois ans.

M. Kamerhe, président de l'Union pour la Nation congolaise (UNC), sera jugé directement «en premier et dernier ressort» par la plus haute juridiction du pays, a expliqué Me Joseph Mukendi, avocat de M. Kamerhe, à la sortie de l'audience à Kinshasa. La Cour n'a pas communiqué la date de début du procès.

L'affaire oppose M. Kamerhe à une élue du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, au pouvoir) à la Chambre basse, Wivine Moleka, que le président de l'UNC avait accusée d'avoir obtenu son siège de député en 2011 en fraudant.

L'UNC affirme que le litige a été réglé à l'amiable entre les parties il y a plus d'un an, et dénonce «un acharnement aux allures politiciennes» destiné à empêcher M. Kamerhe de se présenter à la prochaine présidentielle en obtenant sa condamnation.

Me Mukendi s'est étonné de la «célérité de la procédure» relancée selon lui par le ministère public lundi, après une semaine de violences meurtrières à Kinshasa provoquées par un projet de révision de la loi électorale pourfendu par un collectif d'opposants codirigé par M. Kamerhe.

Pour les opposants, la révision de la loi électorale n'a d'autre but que de permettre à M. Kabila de se maintenir à la tête de l'État au-delà de ce que permet la Constitution. Bien qu'amputée de sa disposition la plus contestée, la nouvelle loi adoptée dimanche ne semble en mesure d'apaiser aucune des craintes qu'ils avaient exprimées.

M. Kabila est au pouvoir depuis 2001. La Constitution lui interdit de se représenter au terme de son mandat, fin 2016.

Ancien président de l'Assemblée nationale, M. Kamerhe a été le directeur de campagne de M. Kabila lors de l'élection présidentielle de 2006. Entré en dissidence en 2010, il est arrivé troisième (avec moins de 8% des voix) à la présidentielle de 2011, marquée par des irrégularités massives.

Le secrétaire général de l'UNC, Jean-Bertrand Ewanga, avait été condamné en août à un an de prison ferme après une réunion de l'opposition dénonçant les velléités prêtées alors à M. Kabila de vouloir modifier la constitution pour pouvoir se représenter en 2016.