Alors que les manifestations contre Boko Haram se multiplient un peu partout dans le monde, le groupe islamiste nigérian a lancé un nouveau raid meurtrier, enlevant une soixantaine de personnes, dont plusieurs femmes et enfants, dans l'extrême nord du Cameroun.

Environ 5000 personnes ont manifesté dimanche à Paris alors qu'une centaine d'autres se sont rassemblées à Montréal au parc Émilie Gamelin à l'invitation d'un regroupement de Montréalais d'origine africaine.

«On veut apporter notre soutien aux victimes et attirer l'attention de l'opinion publique sur cette situation, car ce qui se passe est grave et l'escalade et l'horreur [sont] croissantes», explique Serge Guidibi, un des organisateurs de l'événement.

« Les massacres prennent de l'ampleur, il faut agir. Nous faisons d'ailleurs circuler une pétition pour que le gouvernement prennent position», a poursuivi Lauriane Ayivi, une autre organisatrice.

Boko Haram est un mouvement islamiste au Nigeria qui existe depuis une dizaine d'années et qui mène une croisade contre ce qu'il appelle « l'éducation à l'occidentale ». « Mais ce n'est qu'un prétexte, ils n'ont pas de revendication précise, il kidnappe les filles et ils ne revendiquent rien, c'est uniquement de la violence et de la terreur», affirme M. Guidibi.

Depuis 2009, les attaques du groupe ont fait plus de 13 000 morts et 1,5 million de déplacés. «On documente ce que fait Boko Haram depuis 2009, et au cours des 12 derniers mois, il y a eu une recrudescence absolument hallucinante des violences», a déclaré, Béatrice Vaugrante, directrice générale d'Amnistie de la section d'Amnistie internationale au Canada.

« Mais comme ça se passe en Afrique, ça a peu d'envergure. Il faut interpeller la communauté internationale occidentale, mais aussi africaine et l'Union africaine, insiste Mme Vaugrante. Il faut qu'il y ait enquête de la justice internationale. Ce sont des crimes des guerres et des crimes contre l'humanité.»

La députée néo-démocrate de Saint-Lambert, Sadia Groguhé, et Frantz Benjamin, président du conseil municipal de Montréal, qui participaient tous deux au rassemblement ont promis d'interpeller le gouvernement fédéral à ce sujet.

Nouveau raid

Le président tchadien Idriss Déby a appelé dimanche tous les pays africains à former une coalition pour combattre Boko Haram.

L'attaque de dimanche a eu lieu dans deux villages de la région de l'Extrême-nord du Camouroun. «Des combattants de Boko Haram ont fait irruption [...] Ils ont incendié les concessions et sont repartis avec une soixantaine de personnes. La plupart de ces personnes sont des femmes et des enfants», a affirmé à l'AFP un officier de police basé dans la zone, précisant que «l'attaque a fait des morts» sans pouvoir donner de chiffre.

Il s'agit du plus important rapt perpétré dans la région camerounaise de l'Extrême-Nord par les insurgés islamistes nigérians, dont les incursions dans ce secteur sont récurrentes depuis des mois.

La nouvelle attaque de Boko Haram dimanche intervient alors que le Tchad a commencé à déployer ses troupes au Cameroun, affichant aussi sa volonté de reprendre Baga.

Située dans le nord-est du Nigeria, cette ville est tombée aux mains du groupe islamiste début janvier. Des témoignages glaçants sur les exactions perpétrées par Boko Haram ont horrifié la communauté internationale. Le président français François Hollande et le secrétaire d'État américain John Kerry ont dénoncé des «crimes contre l'humanité».

Selon Amnesty International, l'attaque de Baga est «la plus grande et la plus destructrice» jamais perpétrée par Boko Haram depuis le début de son insurrection en 2009. Elle aurait fait environ 2000 morts.

Avec L'Agence France Presse