Des membres du groupe Boko Haram combattaient vendredi des soldats des forces nigérianes à Damaturu, ville du nord-est du pays, dans ce qui semblait être des représailles après un raid de l'armée contre un bastion du groupe islamiste, ont indiqué des habitants à l'AFP.

Des douzaines de combattants islamistes ont envahi la capitale de l'État de Yobe au coucher du soleil, en tirant à l'aveugle, mais sont tombés nez à nez avec des soldats nigérians avec lesquels ils ont engagé les combats.

Ces affrontements interviennent moins d'une semaine après la chute de la ville stratégique de Baga par Boko Haram dans l'État voisin de Borno (nord). Le groupe islamiste avait alors pris le contrôle de la base occupée par la force multinationale.

Par ailleurs, plus de 150 personnes avaient été tuées le 1er décembre lors d'une précédente attaque sur Damaturu. Parmi les victimes, on dénombrait 38 policiers de la base de Gujba Road, visée par les islamistes.

Boko Haram, qui s'est emparé de plusieurs douzaines de villages dans les États de Borno et d'Adamawa ces six derniers mois, contrôle le territoire situé au sud de Damaturu, autour de la ville de Buni Yadi et dans la ville elle-même.

Les forces nigérianes ont bloqué l'avancée des rebelles lors de la dernière attaque dans la banlieue de Nyanya, près de l'université de l'État de Yobe.

«Les assaillants sont arrivés vers 19 h 30 (13 h 30 heure de l'Est), en tirant et en criant 'Allah Akbar'», a témoigné Mukhtar Sani, étudiant à l'université.

«Les hommes de Boko Haram, selon lui, sont à présent engagés dans des combats armés avec les soldats tout près de nous»

On ne disposait d'aucun bilan dans l'immédiat, ni de confirmation par les autorités. Mais tous les habitants des quartiers environnants sont rentrés se mettre à l'abri et l'on continuait d'entendre des explosions.

Selon Aishatu Bala, qui réside à proximité des combats sur la résidence Obasajo, «toutes les rues sont désertes. Tout le monde est rentré chez soi et tout ce que nous entendons, c'est le bruit des détonations.»

L'attaque de vendredi soir apparaît comme des représailles contre le raid mené mardi par les groupes d'auto-défense et les chasseurs locaux dans l'enclave du groupe Boko Haram à Gujba, à 40 kilomètres au sud de Damaturu.

Plusieurs rebelles avaient été abattus et des armes saisies, selon une source sécuritaire.

Selon des groupes locaux d'auto-défense, plusieurs heures après le raid, Boko Haram avait lancé une offensive sur le village de Kadarko, à 20 kilomètres, assassinant 25 personnes et enlevant des femmes, avant de mettre le feu au village tout entier.

2000 personnes tuées à Baga

Un communiqué publié vendredi par Amnesty International affirme que la ville de Baga a possiblement été rasée au sol et que quelque 2000 personnes ont été tuées.

Précédemment, le massacre le plus sanglant attribué à Boko Haram s'était produit le 14 mars 2014, quand une attaque contre la caserne militaire de Giwa, dans la ville de Maiduguri, avait fait environ 600 morts.

- Associated Press