L'Ouganda et les États-Unis discutaient jeudi du sort de Dominic Ongwen, un des principaux chefs de la sanglante rébellion LRA recherché à la fois par la Cour pénale internationale (CPI), Washington et Kampala, qui s'est rendu aux Américains, selon Kampala.

L'armée ougandaise a pu «le voir alors qu'il était encore détenu par les Américains, et des discussions sont en cours pour déterminer s'il nous sera remis bientôt», a expliqué le ministre ougandais de la Défense, Crispus Kiyonga, à l'AFP.

M. Kiyonga avait un peu plus tôt affirmé qu'Ongwen avait déjà été remis à l'Ouganda, une déclaration qu'il a retirée.

Dominic Ongwen, un des principaux chefs de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), s'est rendu cette semaine aux forces spéciales américaines en Centrafrique. Il est recherché par la CPI pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, notamment pour esclavage d'enfants.

Les États-Unis, qui ne sont pas membres de la CPI, offraient 5 millions de dollars pour sa capture.

Si Ongwen était remis à l'Ouganda, membre de la CPI, il serait tenu de lui livrer le rebelle. Mais le président ougandais Yoweri Museveni ne cesse de tirer à boulets rouges sur la Cour, l'accusant de ne viser par principe que des Africains.

Le ministre ougandais de la Défense ne s'est pas prononcé sur ce que ferait Kampala si Ongwen lui était livré.

«Nous menons des consultations avec les autorités concernées, l'ONU et l'Union africaine», a-t-il dit, rappelant que l'Ouganda a lui-même «mis en place des chambres spéciales pour juger les crimes de guerre».

Selon le ministre, la reddition du rebelle est le fruit de «pressions constantes» de la force de l'Union africaine, pilotée par Kampala et appuyée par les forces spéciales américaines, qui traque les derniers combattants de la LRA éparpillés dans les forêts équatoriales de la région.

La LRA a été créée dans le nord de l'Ouganda en 1987 sur les ruines du Mouvement du Saint-Esprit de la prêtresse Alice Lakwena, qui serait apparentée au chef de la milice, Joseph Kony. Le mouvement, chassé en 2006 de l'Ouganda par l'armée, s'est alors scindé en petits groupes.

Selon l'ONU, cette rébellion a tué plus de 100 000 personnes depuis 1987 en Afrique centrale et a enlevé plus de 60 000 enfants.

Selon l'armée ougandaise, Joseph Kony, également poursuivi par la CPI, reste le dernier dirigeant de la LRA toujours en liberté.

PHOTO ARCHIVES AFP/INTERPOL

Dominic Ongwen