Le ministre malien de la Justice, Mohamed Ali Bathily, a reconnu vendredi que quatre prisonniers avaient été libérés en échange du Français Serge Lazarevic, libéré mardi après trois années de captivité aux mains d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

«C'est un fait, tout le monde le sait, ça ne sert à rien de nier la réalité», a déclaré M. Bathily sur la chaîne de télévision France 24, confirmant les informations de plusieurs ONG maliennes.

«Le Mali l'a fait dans un cadre bien précis», a-t-il précisé.

«Au Mali nous avons pris part aux négociations ayant abouti à la libération de Lazarevic», a indiqué le ministre.

«Sauver la vie a été une constante dans l'attitude des autorités maliennes chaque fois que des innocents ont eu leur vie menacée, y compris lorsqu'il s'est agi de Maliens», a-t-il poursuivi, indiquant que 38 militaires, préfets ou policiers maliens ont déjà été libérés «de la même manière et avec le même type d'échange».

«Le Mali ne peut pas faire moins pour les ressortissants de pays qui l'ont aidé que ce qu'il a fait pour ses propres fils», a-t-il ajouté.

«Ce n'est pas de gaieté de coeur que le Mali s'engage dans de telles décisions», a souligné le ministre de la Justice, insistant toutefois sur «la réalité d'une négociation».

Dès la libération de Serge Lazarevic mardi, des ONG et une source de sécurité malienne avaient affirmé que l'otage avait été relâché en échange de plusieurs djihadistes emprisonnés au Mali.

Dans un communiqué publié à Bamako, un collectif d'organisations de défense des droits de l'homme avait vivement critiqué le fait que «les autorités maliennes viennent de libérer Mohamed Aly Ag Wadoussène, Haïba Ag Acherif, présumés terroristes, ainsi que Oussama ben Gouzzi et Habib Ould Mahouloud, auteurs présumés de graves violations de droits humains au Mali, en échange de l'otage français».

Selon la section malienne d'Amnistie internationale, Wadoussène était même «l'organisateur principal de l'enlèvement de Lazarevic», kidnappé le 24 novembre 2011 à Hombori (Mali) avec un autre Français, Philippe Verdon, retrouvé mort en juillet 2013.

Les autorités françaises, qui démentent toujours payer des rançons dans les cas de prise d'otages, n'ont donné aucune information sur les conditions de la libération de Serge Lazarevic, rentré en France mercredi après un passage par Niamey, au Niger, pays également impliqué dans les négociations pour sa libération.