Le groupe islamiste Boko Haram s'est emparé de Chibok, la ville du nord-est du Nigeria où ont été enlevées plus de 200 adolescentes en avril, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.

«Chibok a été prise par Boko Haram», a déclaré à l'AFP le pasteur Enoch Mark, dont la fille et la nièce font partie des 219 adolescentes toujours aux mains des insurgés.

Selon ce pasteur et Ali Ndume, sénateur de la région, l'attaque de cette ville de l'État de Borno a eu lieu jeudi vers 16 h (heure locale, 10 h à Montréal).

Tous les pylônes de télécommunications ont été détruits, ont-ils rapporté, et la population s'est enfuie dans la brousse.

Le sénateur Ndume a dit avoir reçu des appels d'habitants de Chibok en fuite, lui affirmant que la ville était maintenant sous le contrôle des islamistes.

«Il n'y a plus de lignes téléphoniques à Chibok, c'est pour ça que ces nouvelles ont mis du temps à me parvenir», a-t-il expliqué.

Les combattants de Boko Haram ont attaqué l'école secondaire publique pour filles de Chibok le 14 avril, y enlevant 276 élèves. Cinquante-sept d'entre elles ont réussi à s'enfuir le soir même ou dans les jours qui ont suivi.

Ce rapt avait provoqué une vague d'indignation à travers le monde.

Les autorités nigérianes ont affirmé en octobre avoir conclu un accord de cessez-le-feu avec Boko Haram, prévoyant la libération des otages de Chibok.

Mais le chef du groupe armé, Abubakar Shekau, a démenti tout accord avec le gouvernement et a déclaré avoir mis à exécution sa menace de marier les otages. Selon lui, elles ont toutes été converties à l'islam.

Lors de l'assaut de jeudi, il y a eu des échanges de tirs entre les islamistes et les soldats, soutenus par des milices locales, selon M. Mark.

«Certains d'entre nous ont réussi à fuir, tous les pylônes de télécommunications ont été détruits pendant l'attaque avec des roquettes», a-t-il expliqué.

La prise de Chibok semble avoir eu lieu peu après la prise de Hong et Gombi, deux villes de l'État voisin d'Adamawa, jeudi par Boko Haram.

Le gouvernement nigérian a été pointé du doigt pour avoir mis plusieurs jours à réagir après l'enlèvement des adolescentes de Chibok, et pour n'avoir jamais été sur place exprimer son soutien aux familles des victimes.

Plus largement, il est très critiqué pour n'avoir pas su mettre un terme à l'insurrection islamiste, qui a déjà fait 10 000 morts en cinq ans.