Une kamikaze s'est fait exploser mercredi dans un centre de formation d'enseignants dans un État du nord-ouest du Nigeria, frontalier d'Abuja, deux jours après l'attentat suicide qui a fait 58 morts dans un lycée du nord-est, fief historique de Boko Haram.

L'explosion s'est produite en plein examen dans cet établissement situé dans la ville de Kontagora, à quelque 150 kilomètres au nord-ouest de Minna, capitale de l'État du Niger.

Selon le porte-parole de la police de cet État, Ibrahim Gambari, la kamikaze, qui s'est fait exploser avant d'atteindre la bibliothèque où se déroulait l'examen, n'aurait blessé que quatre personnes.

Mais une étudiante qui se trouvait sur place a déclaré avoir compté dix morts et de nombreux blessés.

Ce nouvel attentat qui n'a pas été revendiqué dans l'immédiat intervient deux jours après un des pires massacres commis dans un établissement scolaire du Nigeria.

Un autre attentat commis par un kamikaze déguisé en étudiant avait visé lundi un collège pour garçons à Potiskum, dans l'État de Yobe (nord-est). Selon un nouveau bilan communiqué mercredi par un responsable du lycée de Potiskum, cette tuerie attribuée au groupe islamiste armé Boko Haram a fait 58 morts et 117 blessés.

L'attaque de mercredi vient rappeler que cela fait deux ans que l'État du Niger n'avait pas été la cible d'attaques de ce type. Kontagora est située à environ 2000 km du bastion de Boko Haram, dans le nord-est, où une vingtaine de villes et villages sont tombés aux mains des islamistes.

S'il est confirmé qu'il a bien été commis par Boko Haram, l'attentat de Kontagora met en relief le caractère éclaté du groupe mais qui posséderait des cellules actives dans l'ensemble du Nord musulman du Nigeria.

«Des corps sur le sol»

Le porte-parole de la police de l'État de Niger, Ibrahim Gambari, a confirmé à l'AFP qu'une explosion avait eu lieu au centre de formation de Kontagora et précisé que des policiers avaient été dépêchés sur place.

L'attentat a été commis par «une kamikaze non identifiée» qui «s'est fait exploser avant d'atteindre sa cible, qui était la bibliothèque de l'école, où de nombreux étudiants étaient rassemblés pour passer leurs examens», a déclaré M. Gambari à l'AFP.

«La kamikaze est morte. Quatre personnes ont été blessées», dont trois sont déjà sortis de l'hôpital et le quatrième est en train d'être soigné, a-t-il ajouté.

Un récit qui diffère avec celui de Mary Okafor, une étudiante interrogée par l'AFP, qui a fait état de plusieurs morts.

«Au moins 10 étudiants ont été tués et beaucoup ont été blessés», a-t-elle déclaré à l'AFP.

«Nous avons vu des corps sur le sol, entre la bibliothèque et le foyer pour femmes. Parmi les corps, ceux de deux femmes sont démembrés, nous pensons qu'il s'agissait des kamikazes», a-t-elle ajouté.

Les morts et les blessés «ont été transportés à l'hôpital général» de la ville, a précisé l'étudiante. «On nous a tous demandé de quitter l'école et les autorités de la ville ont dit à toutes les écoles de la ville de fermer».

Les écoles, une des cibles de Boko Haram 

Boko Haram, dont le nom signifie «l'éducation occidentale est un péché» en langue haoussa, a mené de nombreux attentats contre des établissements scolaires depuis le début de l'insurrection qui a fait plus de 10 000 morts en cinq ans.

À Kano, principale ville du nord du Nigeria, des échanges de tirs entre des kamikazes présumés et la police ont fait 13 morts, en septembre, dans un centre de formation d'enseignants.

Une femme kamikaze y avait également tué six personnes le 30 juillet, où elle s'était fait exploser sur le campus de l'École polytechnique de la ville.

L'attaque de Boko Haram qui a provoqué la plus grande émotion nationale et dans le monde est celle du lycée public pour filles de Chibok, dans l'État de Borno (nord-est) où 276 adolescentes ont été enlevées en avril.

Plus de six mois plus tard, 219 d'entre elles sont toujours aux mains de leurs ravisseurs.

Un des attentats les plus meurtriers de Boko Haram contre une église a eu lieu dans l'État de Niger, le 25 décembre 2012. Trente-cinq personnes y avaient été tuées lors de l'attaque de l'Église Ste-Thérèse, dans la ville de Madallah, proche d'Abuja, pendant la messe de Noël. Cet État avait été relativement épargné par les violences depuis.