Personne ne danse dans les rues au Nigeria, mais les résidants de la localité où plus de 200 écolières avaient été enlevées affichent un optimisme prudent à l'égard de la nouvelle d'un cessez-le-feu avec les extrémistes islamistes de Boko Haram qui ont kidnappé leurs filles il y a six mois.

«Nous saurons que les négociations ont été un succès lorsque nous verrons les filles. Et alors nous saurons que (cette entente) est la vérité. Et nous célébrerons», a dit samedi Bana Lawan, président du gouvernement local de Chibok.

Le leader de la communauté Pogu Bitrus a affirmé que les gens «se réjouissaient, mais avec prudence» à la suite de l'annonce par les militaires d'un cessez-le-feu avec le groupe Boko Haram, vendredi.

Alors que ces représentants commentaient la situation par téléphone à l'Associated Press, des combattants de Boko Haram attaquaient une autre ville dans l'État de Borno, à environ 120 kilomètres au sud-ouest de Chibok.

Les combattants ont frappé auparavant la ville de Shaffa, vendredi, le jour même de l'annonce de la trêve, tuant au moins huit résidants et en blessant plusieurs autres. Samedi matin, alors que les membres d'un groupe civil d'autodéfense ramassaient les corps des victimes, les insurgés frappaient encore. Plusieurs personnes ont été tuées, dont au moins un extrémiste de Boko Haram, ont indiqué des habitants.

Plusieurs villageois ont été décapités dans une autre attaque de Boko Haram, vendredi, à Abadam, une localité isolée à la frontière avec le Niger. Parmi les victimes figure le père septuagénaire d'un politicien local, a soutenu le résidant Aminu Abdullahi par téléphone.

«Boko Haram a pris le contrôle d'Abadam. Ils ont accroché leurs drapeaux vendredi après avoir tué plusieurs personnalités et en avoir forcé d'autres à traverser au Niger», a-t-il affirmé.

Il n'y a pas eu d'annonce officielle d'un cessez-le-feu de la part de Boko Haram, et cela pourrait prendre plusieurs jours avant que le mot ne se rende aux combattants du groupe, qui sont essaimés en diverses unités.

Des responsables gouvernementaux avaient indiqué vendredi que le gouvernement du Nigeria et les extrémistes islamistes de Boko Haram avaient convenu d'un cessez-le-feu immédiat, et que les négociations se poursuivaient sur la libération des écolières.

L'an dernier, lorsqu'un ministre responsable des négociations a annoncé un cessez-le-feu, le groupe a rapidement publié une vidéo pour nier l'existence d'un tel accord. Le leader avait dit à ce moment que quiconque négociait avec le gouvernement ne parlait pas en son nom et qu'il ne discuterait pour sa part jamais avec des infidèles.