Douze civils ont été tués et une trentaine de personnes blessées lundi au nord de Mogadiscio dans un attentat-suicide contre la force de l'Union africaine en Somalie (AMISOM), le premier revendiqué par les islamistes shebab depuis la mort de leur chef le 1er septembre.

Les islamistes somaliens, qui avaient juré de venger leur «émir», Ahmed Abdi Godane, tué il y a exactement une semaine par une frappe américaine dans la région de Basse-Shabelle, également théâtre de l'attentat de lundi, ont revendiqué l'attaque.

«Un véhicule bourré d'explosifs a été lancé sur un véhicule blindé de l'AMISOM (...). Douze civils voyageant dans un minibus ont été tués et 27 autres blessés», a déclaré Abdukadir Mohamed Sidi, gouverneur de la province de Basse-Shabelle.

Deux soldats de l'AMISOM ont également été blessés dans l'attentat, perpétré non loin d'Afgoye, localité située à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Mogadiscio.

«Je passais aussi dans la zone de l'attaque et je ne sais pas si je faisais partie de leurs cibles», a ajouté le gouverneur.

Selon des témoins, deux minibus, qui circulaient entre Mogadiscio et Afgoye, ont été pris dans l'explosion. «J'ai vu deux minibus et des mares de sang, de nombreux civils ont été tués et l'explosion a été énorme», a déclaré à l'AFP Ali Muhidin, un témoin.

Le porte-parole militaire des shebab a revendiqué l'attentat dans un communiqué. «Par la grâce d'Allah, les moudjahidines ont réussi aujourd'hui à mener une spectaculaire opération de martyr dans les faubourgs de Mogadiscio», a déclaré Abdulaziz Abu Musab.

Il assuré que quatre Américains et un Sud-Africain avaient été tués, mais aucun témoignage n'est venu confirmer ces affirmations.

Allégeance à Al-Qaïda réaffirmée

Le couloir d'Afgoye est un axe routier stratégique et très fréquenté sur lequel les shebab ont déjà perpétré plusieurs attentats.

Samedi, le gouvernement somalien avait mis en garde contre une vague possible de représailles des shebab après la mort de leur chef suprême. Le Pentagone avait confirmé vendredi que Godane figurait parmi les victimes d'une frappe aérienne visant une réunion de hauts responsables shebab, touchée par plusieurs missiles.

Ahmed Abdi Godane, alias Abu Zubeyr, 37 ans, figurait parmi les dix personnes les plus recherchées au monde pour terrorisme par les États-Unis qui avaient mis sa tête à prix pour sept millions de dollars.

Les shebab ont annoncé samedi avoir nommé Ahmed Umar Abou Oubaïda pour lui succéder. Peu d'informations sont disponibles sur le nouvel émir des shebab, si ce n'est que c'est un proche de Godane et qu'il appartient comme lui à la ligne la plus radicale des shebab, résolument djihadiste.

Le réseau Al-Qaïda, que les shebab ont intégré début 2012, a apporté son soutien au nouveau chef des shebab, dans un communiqué non authentifié, mais lu en boucle sur Radio-Andalus, l'antenne des shebab.

Le communiqué fait référence à de prochaines représailles à la mort de Godane: «Vous allez bientôt ressentir de la douleur et les comptes se règleront dans les jours qui viennent - à chacun son jour».

En nommant leur nouveau chef, les islamistes somaliens ont de leur côté renouvelé leur allégeance à Ayman al-Zawahiri, chef d'Al-Qaïda.

Une série ininterrompue de défaites militaires a contraint les shebab à abandonner depuis août 2011 l'essentiel de leurs bastions du sud et du centre de la Somalie à l'AMISOM, dont les effectifs ont été portés en janvier à 22 000 hommes.

La force africaine a lancé fin août une nouvelle offensive dans la Basse-Shabelle, avec pour objectif avoué la prise de Barawe, dernière localité portuaire aux mains des shebab, cruciale pour leur financement. Le charbon de bois que les islamistes exportent de Barawe leur rapporte quelque 25 millions de dollars par an.

Malgré leurs revers militaires, les insurgés, qui ont abandonné le combat conventionnel pour les opérations de guérilla et les attentats, continuent de mener des attaques spectaculaires, notamment à Mogadiscio où, depuis le début de l'année, ils ont attaqué le palais présidentiel à deux reprises, le Parlement et le QG des services de renseignements.