Le groupe islamiste nigérian Boko Haram a enlevé des dizaines de personnes dans des communautés de pêcheurs du nord-est du Nigeria, embarquant certains otages sur des bateaux qui ont traversé le lac Tchad, ont rapporté vendredi des témoins.

Plusieurs personnes auraient aussi été tuées durant des raids qui remontent à dimanche dernier, perpétrés par les insurgés dans la zone de Kukawa, dans l'État de Borno, l'un des bastions de Boko Haram, proche des frontières du Tchad et du Cameroun.

Depuis cette région reculée du Nigeria, où la couverture de réseau téléphonique est faible, des survivants ont fui jusqu'à Maiduguri, la capitale de l'État de Borno.

Sur place, ils ont informé la presse de ces raids commis par les islamistes de Boko Haram.

«Au début nous avons cru que (les assaillants) étaient des militaires... Mais quand ils ont commencé à tirer sur des gens et à incendier les maisons, alors nous avons compris que c'était Boko Haram», a expliqué un témoin de l'attaque, Halima Alhaji Adam.

Selon cette habitante du village de Doron Baga, les insurgés auraient enlevé une centaine de jeunes hommes âgés de 15 à 30 ans.

Les otages ont été emmenés «de force sur des bateaux à moteurs jusqu'au Tchad», a-t-elle ajouté.

Son récit a été corroboré par deux autres femmes ayant réussi à se réfugier à Maiduguri.

L'une d'elles redoute que les otages ne servent de «fantassins» aux extrémistes qui attaquent régulièrement des cibles militaires et civiles dans ces zones pauvres.

Une autre habitante, responsable d'un groupe civil d'autodéfense qui aide les militaires nigérians dans leur combat contre les islamistes, affirme que des jeunes filles et des femmes ont également été enlevées.

Ces femmes témoins des raids ont déclaré à l'AFP que des soldats d'une force multinationale - créée il y a une décennie pour lutter contre la contrebande et composée de soldats nigérians, tchadiens et nigériens - avaient par la suite combattu les rebelles islamistes mercredi.

Selon elles, les militaires auraient réussi à libérer une vingtaine d'otages.

Ces informations n'ont cependant pas pu être confirmées, aucun responsable de l'armée n'ayant pu être joint dans l'immédiat.

Boko Haram, qui affirme vouloir instaurer un État islamique dans le nord du Nigeria à majorité musulmane, a été accusé d'avoir enlevé des centaines de personnes dans le Nord-Est pour en faire des soldats, épouses ou esclaves.

En avril dernier, le groupe a enlevé 276 lycéennes dans le nord du pays, provoquant une indignation internationale. À ce jour, on est toujours sans nouvelles de 219 d'entre elles.