Vingt-deux personnes ont été tuées et 72 autres blessées samedi dans des combats entre milices rivales à Tripoli, a annoncé dimanche le gouvernement libyen dans un communiqué, mettant en garde contre une «aggravation de la situation humanitaire» dans la capitale.

Ce dernier bilan porte à 124 morts et plus de 500 blessés le nombre de victimes depuis le début le 13 juillet des heurts à Tripoli.

Selon une source médicale, le nombre de victimes serait beaucoup plus important, le bilan officiel ne prenant pas en compte plusieurs personnes hospitalisées en dehors de Tripoli, en particulier dans la ville de Misrata, dont des milices participent aux combats dans la capitale.

Le gouvernement de transition a également fait état de «centaines de familles déplacées», et mis en garde contre l'«aggravation de la situation humanitaire» à Tripoli, qui souffre d'une pénurie de carburant et de bonbonnes de gaz et de problèmes d'approvisionnement en produits alimentaires.

Dimanche, le centre de la capitale était plus animé que les derniers jours, en dépit de la poursuite des combats dans le sud de la ville. La plupart des échoppes et les banques restaient toutefois fermées.

Un immense nuage de fumée noir s'échappant d'un dépôt d'hydrocarbures en feu à une dizaine de km recouvre toujours la capitale. L'incendie, provoqué il y a une semaine par un tir de roquette, n'est toujours pas maîtrisé, et plusieurs réservoirs sont désormais en feu.

Depuis le 13 juillet, des milices d'ex-rebelles qui avaient combattu ensemble pendant huit mois le régime de Mouammar Kadhafi en 2011 s'affrontent, provoquant la fermeture de l'aéroport de Tripoli, où des avions ont été endommagés.

Selon des experts, ces combats entrent dans le cadre d'une lutte d'influence entre régions, mais aussi entre courants politiques, dans un pays plongé dans le chaos, les autorités ne parvenant pas à contrôler les dizaines de milices qui font la loi en l'absence d'une armée et d'une police bien structurées et entraînées.

Au milieu de ce chaos, le nouveau Parlement issu des élections du 25 juin doit entrer en fonction lundi à Tobrouk, à 1500 km à l'est de Tripoli, lors d'une séance inaugurale controversée, sur fond de lutte de pouvoir entre islamistes et nationalistes.

Signe des profondes divergences, Nouri Abou Sahamein, le président du Congrès général national (le Parlement sortant, dominé par les islamistes) a annoncé le maintien lundi d'une séance inaugurale, mais à Tripoli.

Or les islamistes refusent de se rendre dans la capitale, sous le contrôle selon eux, du général dissident Khalifa Haftar.

Ce général à la retraite a lancé mi-mai une opération contre des groupes qu'il qualifie de «terroristes» dans l'est libyen.