La jeune Pakistanaise Malala Yousafzai, qui milite pour l'éducation dans le monde après avoir échappé à une tentative d'assassinat des talibans, a demandé lundi au président nigérian Goodluck Jonathan de rencontrer les parents des écolières enlevées il y a trois mois par Boko Haram.

La lauréate du prix Sakharov pour les droits de l'homme s'est entretenue avec M. Jonathan à Abuja le jour de son 17e anniversaire, trois mois exactement après l'enlèvement de 276 jeunes filles dans leur école secondaire de Chibok, dans le nord-est du Nigeria. Au moins 219 d'entre elles sont toujours portées disparues.

À son arrivée dans la capitale nigériane dimanche, Malala avait rencontré certaines des écolières qui avaient réussi à échapper aux islamistes et les parents de certaines des jeunes filles toujours en otages.

«J'ai demandé au président s'il était possible pour lui d'aller rendre visite aux parents et de voir ces filles, pour les encourager et pour leur assurer que leurs filles vont revenir», a-t-elle déclaré lundi à la presse, à l'issue de son entretien avec M. Jonathan.

Les parents des victimes qu'elle a pu rencontrer lui ont semblé «sans espoir», a ajouté Malala, «ils ont besoin du soutien du président».

Selon la jeune pakistanaise, M. Jonathan s'est dit prêt à rencontrer certains des parents.

Les déclarations de Malala risquent cependant de relancer la polémique qui a fait rage au Nigeria au lendemain du drame de Chibok, de nombreuses personnes ayant critiqué le président pour son manque de réactivité et de compassion à l'égard des jeunes otages.

Les autorités nigérianes ont mis du temps à lancer une opération de secours, et l'armée avait même annoncé, quelques jours après l'enlèvement, que la quasi-totalité des filles avait réussi à échapper aux islamistes, une annonce qu'elle avait dû démentir par la suite.

M. Jonathan, qui avait planifié un voyage à Chibok en mai, l'avait annulé à la dernière minute, et depuis, il n'a pas communiqué sur une quelconque rencontre avec les familles des victimes de cet enlèvement qui a tant ému la communauté internationale.

«Mon voeu d'anniversaire cette année (...) est de voir (les écolières) rentrer chez elle», a déclaré Malala à la presse.