Au moins quinze personnes ont été tuées mardi dans l'explosion d'un camion piégé sur un des principaux marchés de Maiduguri, fief historique du groupe islamiste armé Boko Haram, dans le nord-est du Nigeria, a constaté un photographe de l'AFP.

Le camion piégé a explosé vers 7h50 (2h50, heure de Montréal) en pleine heure de pointe sur Monday Market, situé sur un rond-point de Maiduguri, capitale de l'État de Borno.

La déflagration, qui s'est transformée en une énorme boule de feu, a été provoquée par des explosifs dissimulés dans une cargaison de charbon de bois, selon un bref communiqué sur Twitter des forces armées, ajoutant que «la zone avait été bouclée».

Une foule incontrôlable a tenté de s'en prendre aux pompiers dépêchés sur les lieux, les accusant d'avoir mis trop de temps à arriver, ce qui a rendu l'incendie plus difficile à maîtriser, selon un photographe de l'AFP sur place.

Les victimes ont été transportées dans un hôpital de la ville où le photographe de l'AFP a compté 15 corps. Selon des témoins, le bilan des victimes pourrait être encore bien plus important.

Des femmes âgées et des enfants, souvent rassemblés sur ce rond-point pour mendier, pourraient également figurer parmi les victimes, selon un journaliste de l'AFP.

L'attentat n'a pas été revendiqué, mais Maiduguri, capitale de l'État de Borno et berceau historique de Boko Haram, a souvent été la cible d'attaques du groupe islamiste armé.

Après l'instauration d'un état d'urgence en mai 2013 dans cette région et la formation de milices privées pour prêter main-forte à l'armée dans la lutte contre l'insurrection islamiste, les membres du groupe extrémiste semblaient avoir été chassés du centre de Maiduguri, qui était le théâtre de violences quasi quotidiennes.

Boko Haram a cependant mené deux attaques de grande envergure contre des casernes militaires de la ville, l'une contre celle de Giwa en mars dernier au cours de laquelle de nombreux prisonniers avaient été libérés, et l'autre en décembre 2013, contre une base aérienne, où plusieurs bâtiments avaient été détruits et des armes saisies.

Un attentat à la bombe perpétré dans un marché très fréquenté de la ville avait aussi fait près de 20 morts, en janvier dernier.

Le groupe islamiste, qui mène une insurrection sanglante depuis cinq ans, a provoqué un choc au Nigeria et dans le monde en revendiquant l'enlèvement en avril de plus de 200 lycéennes dans la ville de Chibok, également dans l'État de Borno.

«Espionnes»

L'attentat de mardi survient au lendemain de la publication d'un communiqué de l'armée nigériane qui annonçait avoir démantelé «une cellule de renseignement» composée de femmes et dirigée par un homme d'affaires qui «a participé activement» au rapt de Chibok.

Sur les 276 jeunes filles enlevées, 57 ont réussi à s'enfuir et 219 sont toujours portées disparues.

L'homme d'affaires, identifié comme Babuji Ya'ari, qui a également fait partie d'une association de jeunes ayant collaboré avec les militaires et désignée par le nom de Force supplétive civile d'intervention (Civilian JTF), aurait masqué par cette activité son soutien à Boko Haram.

Les islamistes sont accusés d'avoir tué des milliers de personnes depuis 2009, mais c'est au cours de la première moitié de cette année que leur action a été la plus sanglante avec plus de 2500 personnes tuées, selon des estimations de défenseurs des droits de l'homme.

Une attaque d'églises attribuée à Boko Haram dimanche dernier près de Chibok a fait, de source officielle, 54 morts.

Des bombes ont été lancées sur des églises, des bâtiments ont été incendiés et des fidèles ont été mitraillés pendant qu'ils se sauvaient, ont affirmé des témoins.