En Afrique de l'Ouest 337 personnes sont mortes des suites de la fièvre hémorragique Ebola depuis le début de l'année, chiffre en hausse de 60% en quinze jours, selon l'Organisation mondiale de la santé.

Pour l'OMS, le dernier bilan ne montre cependant pas une «nouvelle flambée» de la maladie, selon une porte-parole, car «de nouveaux cas sont identifiés régulièrement» dans les trois pays concernés, Guinée, Sierra Leone et Liberia.

L'augmentation de cas signalée mercredi s'explique, ajoute l'OMS, par leur reclassification, passant de la catégorie «probable» à «possible» ou «confirmé».

Ces chiffres doivent être considérés comme «provisoires», insiste l'OMS.

La fièvre Ebola, souvent mortelle, se traduit par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées. Les chances de survie augmentent pour les malades s'ils sont hydratés. Les personnes atteintes restent contagieuses tant que le virus est présent dans leur sang et leurs sécrétions, selon l'OMS.

Il n'y a pas de vaccin homologué contre la fièvre Ebola. Plusieurs vaccins sont au stade des essais, mais aucun n'est disponible pour un usage clinique. De plus il n'existe aucun traitement spécifique, et des médicaments sont en cours d'évaluation.

Selon les chiffres publiés mercredi par l'OMS, la fièvre Ebola, maladie mortelle dans près de 90% des cas, a frappé 528 personnes en Guinée, Liberia et au Sierra Leone, et 337 en sont mortes.

En Guinée, foyer de l'épidémie, le bilan actuel est de 398 cas, dont 264 décès. Entre les 14 et 16 juin il y a eu 5 morts et 7 nouveaux cas.

Le 13 mai dernier, le président guinéen Alpha Condé avait affirmé à Genève que l'épidémie de fièvre Ebola dans son pays était «bien maîtrisée», mais que le bilan des 74 morts allait «sûrement» augmenter.

«Pour le moment, la situation est bien maîtrisée et nous touchons du bois pour qu'il n'y ait pas de nouveaux cas», avait déclaré M. Condé aux journalistes.

Jointe par l'AFP depuis Dakar, la coordinatrice des programmes d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières, Marie-Christine Férir a précisé que l'on était actuellement «face à un deuxième pic de l'épidémie» Elle a estimé que «ce qui est inhabituel, c'est la dispersion des foyers, ça complique les choses» dans la lutte.

Selon elle, l'origine de ce nouveau pic «est difficile» à déterminer avec précision, parce que «les gens bougent beaucoup», certaines familles et communautés vivant de part et d'autre des frontières. Et les funérailles, qui sont des occasions de rassemblements pour des cérémonies coutumières ou rites mortuaires, peuvent être des «amplificateurs de l'épidémie», a-t-elle ajouté.

Ne pas manger de chauve-souris

Des chercheurs aux Etats-Unis ont confirmé que l'épidémie en Guinée est due au fait que des gens aient mangé des chauve-souris attrapés dans des forêts du sud du pays, selon M. Condé. Elle s'est répandue parmi les chasseurs, puis les travailleurs médicaux qui n'ont pas su, au début, identifier le risque posé par les malades atteints de fièvres.

Pour y mettre fin, le gouvernement a demandé aux Guinéens de ne plus manger de chauve-souris et d'éviter toute «viande de brousse» autant que possible. Il s'est aussi efforcé d'appliquer des mesures de contrôle sanitaire de cette infection ainsi que de contrôler tous les cas potentiels, et les personnes qui ont pu être en contact avec eux.

La maladie s'est répandue dans le Liberia voisin, et il y a des cas suspects au Mali et en Sierra Leone, déclenchant des craintes dans toute la région.

En Sierra-Leone, le bilan de la fière Ebola est de 97 cas, dont 49 décès et du 15 au 17 juin, le pays a dénombré quatre morts et 31 nouveaux cas.

Enfin, au Liberia, entre les 11 et 16 juin, l'OMS a recensé cinq morts et neuf nouveaux cas. Le pays compte 33 cas, dont 24 décès.

En République démocratique du Congo le virus de la fièvre Ebola est apparu en 1976.

L'OMS assiste techniquement les pays concernés pour lutter contre l'épidémie. Une réunion transfrontalière entre les trois pays frappés est prévue le 23 juin. L'OMS a aussi répété mercredi qu'elle n'imposait aucune restriction de voyage dans les trois pays concernés.