Des affrontements ont éclaté lundi à Kano entre des partisans du nouvel émir de la principale ville du nord du Nigeria, l'ex-gouverneur de la Banque centrale Sanusi Lamido Sanusi, limogé par le président Goodluck Jonathan, et ceux qui soutenaient la candidature de son rival.

Selon un journaliste de l'AFP, des centaines de personnes sont sorties dans les rues en soutien à M. Sanusi nommé dimanche émir de Kano, un des principaux dignitaires musulmans du pays, par le gouverneur de l'État du même nom.

Les pro-Sanusi ont alors été attaqués par des partisans d'Aminu Ado Bayero, principal rival de M. Sanusi pour ce titre.

Le journaliste de l'AFP a dit avoir vu des partisans de M. Sanusi couverts de sang et des partisans de M. Bayero brandir des machettes et des gourdins.

Aucun soldat n'était visible sur place et seuls des agents chargés de la circulation, non armés, et des policiers de la Hisbah, la police des moeurs, étaient dans les rues pour tenter de ramener le calme.

Aucun bilan n'était disponible dans l'immédiat.

M. Sanusi a été nommé émir de Kano suite à la mort de son prédécesseur, Ado Abdullahi Bayero, qui a succombé vendredi à un cancer, à l'âge de 83 ans.

Des centaines de jeunes avaient déjà manifesté dimanche soir à Kano contre sa nomination.

Avec le sultan de Sokoto et le Shehu de Borno, l'émir de Kano est l'un des chefs religieux traditionnels les plus influents du nord du Nigeria, majoritairement musulman.

Aminu Ado Bayero, fils aîné de l'émir défunt, très populaire dans le district de Kano qu'il dirige actuellement, était soutenu par le Parti démocratique populaire (PDP) du président Jonathan.

Le gouverneur de Kano, Rabiu Kwankwaso, qui a choisi M. Sanusi parmi une liste de noms fournie par les responsables du Palais de l'émir, fait partie des gouverneurs du Nord qui ont récemment quitté le PDP pour rejoindre le Congrès progressiste (APC), principal parti d'opposition.

L'ex-gouverneur de la Banque centrale nigériane, âgé de 52 ans, avait été suspendu de ses fonctions le 20 février, moins de quatre mois avant la fin de son mandat, pour «imprudences en matière de finances», après avoir accusé la puissante compagnie pétrolière nationale NNPC d'avoir détourné près de 20 milliards de dollars de fonds publics.

Son action au Nigeria, où il a remis de l'ordre dans un secteur bancaire au bord de l'implosion et stabilisé la monnaie du pays le plus peuplé et plus gros producteur de pétrole d'Afrique, a été saluée par de nombreux économistes nigérians et étrangers.

Mais cela lui a valu, également, de puissants ennemis politiques, au sein même du PDP, dans un pays où la corruption, que M. Sanusi n'a eu de cesse de dénoncer, est endémique.