Quelque 250 000 personnes ont été déplacées par les violences du groupe islamiste Boko Haram dans le nord-est du Nigeria depuis l'imposition de l'état d'urgence il y a un an dans cette région, selon un rapport d'ONG rendu public jeudi.

Tous les jours, près de 800 personnes abandonnent leur foyer dans le nord-est du fait des violences de Boko Haram, indique ce rapport de l'Observatoire des situations de déplacement interne (Internal Displacement Monitoring Centre, IDMC), établi notamment sur la base de chiffres de l'ONU.

Depuis l'imposition de l'état d'urgence dans la région en mai 2013, au moins 250 000 personnes ont fui leurs foyers pendant la même période, selon l'IDMC.

Près de 3000 personnes ont été tuées durant cette même période dans ce conflit, affirme l'ONG, qui constate qu'en dépit des opérations de l'armée contre le groupe islamiste et l'imposition de l'état d'urgence, les attaques de Boko Haram ont augmenté en nombre et en importance.

«Alors que le gouvernement peine à contenir la poussée de Boko Haram vers le sud jusqu'à la capitale Abuja (centre), le futur de toute la stabilité régionale est désormais en question (...)», s'alarme l'IDMC, inquiet de cette montée en puissance du groupe islamiste.

«La souffrance des civils est la terrible conséquence de cette violence quotidienne, avec les enfants en première ligne», a relevé Alfredo Zamudio, le directeur de IDMC.

L'économie du pays a été également gravement touchée.

Plus de 60% des agriculteurs du Nord ont été déplacés juste avant de commencer à semer, faisant craindre de graves problèmes d'insuffisance alimentaire et une hausse des prix, indique l'IDMC.

Toujours selon l'IDMC, le Nigeria compte aujourd'hui un nombre total de 3,3 millions de déplacés dans tout le pays, ce chiffre incluant les déplacements de population du fait des violences communautaires dans plusieurs régions.

45 morts lors d'une attaque dans le fief de Boko Haram

Quarante-cinq personnes ont été tuées par des hommes armés soupçonnés d'appartenir à Boko Haram en périphérie de la ville de Maiduguri, fief du groupe islamiste dans le nord-est du Nigeria, ont affirmé jeudi des habitants à l'AFP.

L'attaque a eu lieu mercredi soir à Barderi, dans les faubourgs de Maiduguri, berceau de l'insurrection islamiste dans l'État de Borno, et a visé une foule de villageois rassemblés à l'occasion de la venue d'hommes qui se faisaient passer pour des prédicateurs, selon deux habitants.

Les prédicateurs itinérants sont courants dans le nord du Nigeria, majoritairement musulman, et ces faux religieux auraient rassemblé les villageois pour leur montrer «le droit chemin», ont expliqué ces témoins.

«J'ai compté 45 corps une fois que les assaillants ont quitté le village», a raconté Mallam Bunu, qui a survécu à l'attaque.

«Ils sont venus dans notre village (...). Ils nous ont menti, disant être venus pour nous faire un prêche, et quand presque tous les villageois se sont rassemblés, un autre groupe d'insurgés est sorti de nulle part et a ouvert le feu sur la foule. Tout le monde est alors parti en courant pour se mettre à l'abri», a-t-il ajouté.

Un autre survivant, Kallamu Bukar, a confirmé que des individus «déguisés en prédicateurs» avaient tendu ce piège, ajoutant que les hommes armés qui les ont rejoints ensuite «ont aussi mis le feu à plusieurs maisons et boutiques».

Le groupe islamiste, qui a lancé son insurrection sanglante en 2009, multiplie actuellement les attaques, en particulier dans le nord-est du pays.

Ses tueries ont fait plus de 2000 morts depuis le début de l'année.

Une autre attaque lancée contre quatre villages, également dans l'État de Borno, aurait fait mardi des centaines de morts, selon des responsables locaux et des habitants.