Des dizaines de personnes ont été tuées dans de nouvelles attaques des islamistes de Boko Haram contre quatre villages du nord-est du Nigeria, où des centaines de maisons ont été détruites, ont indiqué mercredi des témoins et un député local.

Des hommes très lourdement armés, portant des tenues militaires, ont attaqué mardi soir les villages de Goshe, Attagara, Agapalwa et Aganjara, dans l'État de Borno, à bord de véhicules tout-terrain.

«Les insurgés de Boko Haram ont mené des attaques meurtrières dans ces villages, où ils ont tué un grand nombre de personnes et détruit des maisons», a déclaré à l'AFP le député Peter Biye, qui représente cette région à la Chambre basse du Parlement nigérian.

«Nous sommes toujours en train de travailler sur le bilan des morts, puisque des gens sur le terrain sont encore en train de compter les victimes», a-t-il ajouté.

De nombreux habitants ont fui vers le Cameroun voisin et des soldats ont été déployés pour combattre les islamistes, qui ont pris le contrôle d'au moins sept villages, selon M. Biye.

«Boko Haram a hissé son drapeau dans au moins sept villages de cette zone, dont ils disent avoir pris le contrôle», a expliqué le député.

Des avions militaires ont bombardé les positions de Boko Haram pour tenter de reprendre le contrôle de la région, a-t-il précisé.

Il est très difficile de joindre les habitants de cette région par téléphone pour recouper les informations, des bornes de téléphonie mobile ayant été détruites par les islamistes.

Abba Goni, un habitant du village de Goshe, majoritairement musulman, qui a réussi à fuir dans la ville voisine de Gamboru Ngala, a rapporté que les assaillants étaient armés de kalachnikov et de lance-roquettes.

Le village, qui abritait environ 300 maisons et plusieurs mosquées, a été entièrement détruit, a-t-il précisé.

«Nous avons perdu beaucoup de gens, dont des miliciens (civils) qui ont essayé de combattre les assaillants de Boko Haram. Au moins 100 personnes ont été tuées», a déclaré M. Goni à l'AFP.

Dans le village d'Attagara, majoritairement chrétien, des habitations et des églises ont aussi été brûlées, et des dizaines de personnes ont été tuées, selon Bulus Yashi, qui s'est lui aussi réfugié à Gamboru Ngala.

Une précédente attaque avait déjà eu lieu dimanche à Attagara, où des dizaines d'hommes armés à moto avaient ouvert le feu sur un temple protestant, tuant neuf fidèles. Les habitants avaient réussi à tuer quatre assaillants en représailles, selon M. Yashi.

Des villageois avaient aussi réussi à déjouer une attaque à Attagara le 25 mai, tuant sept membres de Boko Haram, a-t-il ajouté, et les violences de mardi pourraient être «une revanche» de ces précédents échecs des islamistes, selon lui.

Les attaques de Boko Haram ont augmenté ces dernières semaines, des villages entiers étant fréquemment détruits, notamment dans l'extrême Nord-Est, aux frontières du Cameroun, du Tchad et du Niger.

Des milices civiles d'autodéfense, composées par la jeunesse locale, prêtent main-forte à l'armée dans la lutte contre les islamistes, poussant ceux-ci à se retourner contre la population.

Les attaques des insurgés ont fait plus de 2000 morts depuis le début de l'année.