Au moins dix personnes, dont un prêtre, ont été tuées mercredi à Bangui lors de violences dans un quartier de la capitale centrafricaine où vivent musulmans et chrétiens, a-t-on appris de sources concordantes.

Dix personnes ont été tuées et plusieurs blessées au cours de ces violences qui ont éclaté dans l'après-midi aux abords de l'église Notre-Dame de Fatima, dans le centre de Bangui, où des milliers de déplacés avaient trouvé refuge, ont indiqué à l'AFP une source policière centrafricaine et une source militaire.

Des échanges de tirs continuaient en début de soirée, notamment aux abords du quartier majoritairement musulman de «PK-5». Un hélicoptère survolait Bangui, a constaté un journaliste de l'AFP. Des barricades ont été érigées dans plusieurs quartiers, selon des sources militaire et policière.

Il n'était pas possible dans l'immédiat de connaître les circonstances exactes de ces nouvelles violences.

D'autres sources ont fait état d'un bilan plus lourd. Cinq cadavres ont été transférés à la morgue de l'hôpital général, où la situation était tendue, a constaté un journaliste de l'AFP.

Un prêtre âgé de 76 ans, Paul-Emile Nzale, a été tué au cours de ces violences, a annoncé à l'AFP l'archevèque Dieudonné Nzapalainga.

«On ne peut être que triste devant ces morts. Depuis quelques jours, il y a des affrontements dans ce quartier», a-t-il dit à l'AFP.

Un nombre important de déplacés qui avaient trouvé refuge sur place ont fui le quartier.

La crise centrafricaine a pris un tournant interconfessionnel depuis plusieurs mois, entre ex-rebelles Séléka, à dominante musulmane, et miliciens chrétiens anti-balaka.

Ces violences ont fait de nombreuses victimes et forcé les civils musulmans, minoritaires, à fuir des régions entières du pays, essentiellement vers le Nord et le Centre, alimentant les craintes d'une partition du pays.

A Bangui, où les violences ont contraint de nombreux musulmans à fuir, «un regain de tension très net» se fait sentir depuis quelques jours, a affirmé une source proche de la force française Sangaris à l'AFP.

Sur les 2000 soldats français déployés en Centrafrique, quelque 700 sont mobilisés à Bangui où on les voit patrouiller dans les rues à bord de blindés légers. La mission de l'ONU, la Misca, compte un peu plus de 5000 soldats africains déployés dans le pays.