La police sud-africaine a annoncé samedi l'arrestation dans la nuit d'une soixantaine de personnes, après une émeute dans un township de Johannesburg déclenchée par des accusations de fraude aux élections législatives de mercredi.

L'ANC, le parti du défunt Nelson Mandela, a remporté le scrutin, mais a été accusé par le Parti Inkatha de la liberté (IFP) d'avoir truqué le scrutin dans le township d'Alexandra.

Du coup, des habitants furieux ont manifesté vendredi soir, brûlant des pneus et construisant des barricades sur les routes, et l'armée a été envoyée en renfort pour mettre fin aux troubles, a indiqué la police.

«Depuis hier (vendredi), 59 personnes ont été arrêtées pour violence publique», a déclaré le porte-parole de la police, Neville Malila, à l'AFP.

La police a utilisé des grenades assourdissantes et tiré des balles de caoutchouc pour disperser la foule, qui a atteint 400 personnes, selon M. Malila.

Aucune victime n'a été signalée.

L'armée semblait avoir quitté le quartier samedi, un de ces lotissements-ghettos construits pour les Sud-Africains noirs, métis et indiens sous le régime d'apartheid, et qui craquent aujourd'hui de partout sous le poids de leurs nouveaux habitants qui vivent dans des bidonvilles, a constaté un photographe de l'AFP. Des véhicules blindés de la police continuaient néanmoins de sillonner les rues jonchées de débris.

Le porte-parole local de l'ANC, Nkenke Kekana, a imputé les troubles à l'Inkatha, qui a perdu des circonscriptions clés à Alexandra.

«Pour la première fois depuis 1994, l'ANC a réuni à prendre ces circonscriptions à l'IFP. C'est la cause de la violence», a-t-il déclaré à l'AFP.

Un responsable de l'IFP a nié que les troubles soient liés à la rivalité entre les deux partis, et accusé la police d'avoir arrêté des chefs locaux dans le secteur.

De son côté, le dirigeant du mouvement Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche populiste), Julius Malema a appelé les habitants des townships à accepter les résultats du scrutin tout en accusant l'ANC de «tactiques mafieuses» pour remporter le vote dans la province de Gauteng où se trouvent Johannesburg et la capitale Pretoria.

Cette province qui a le plus grand nombre de votants a été la plus lente à annoncer les résultats du scrutin.

«Ils (l'ANC) ont dû recourir à des tactiques mafieuses», pour remporter les élections dans la province de Gauteng, a ajouté M. Malema, invitant la population d'Alexandra à «accepter la défaite».

Aux législatives, l'ANC, au pouvoir depuis la fin du régime raciste d'apartheid en 1994, a obtenu une confortable majorité avec 62,16 % des voix, en recul cependant par rapport à son score de 2009 (65,90 %), devant le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA, opposition libérale), arrivé en deuxième position avec 22,22 %, suivie de EFF avec 6,35 %.