Michelle Obama, l'épouse du président américain, a dénoncé samedi l'enlèvement de plus de 200 Nigérianes au moment où l'aide étrangère se met en place, sur le terrain, pour aider les autorités nigérianes à retrouver les captives.

«Comme des millions de gens dans le monde entier, mon mari et moi-même éprouvons de la révolte et du chagrin après l'enlèvement de plus de 200 jeunes Nigérianes», a expliqué Mme Obama, qui remplaçait son époux pour l'allocution hebdomadaire de la Maison-Blanche.

«Cet acte insensé a été commis par un groupe terroriste déterminé à empêcher ces filles de recevoir une éducation», s'est-elle indignée, à la veille de la fête des Mères célébrée dimanche aux États-Unis, avant d'appeler à «prier pour (leur) retour sain et sauf».

Le 14 avril, le groupe islamiste armé Boko Haram, dont le nom signifie «L'éducation occidentale est un péché», avait attaqué une école de Chibok, dans le nord-est du Nigeria, et enlevé 276 adolescentes, dont 223 sont toujours captives, selon la police.

Après une relative indifférence initiale des autorités et à l'étranger, la mobilisation des familles et la revendication lundi dernier du chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, qui en a fait des «esclaves» et veut les «vendre», ont fini par susciter l'émotion et la solidarité internationales.

Des experts américains et britanniques sont arrivés dans le pays pour participer aux recherches et la France a commencé vendredi à envoyer du matériel d'imagerie satellitaire. La Chine a aussi proposé de partager les informations recueillies par ses services de renseignements et ses satellites.

Le président nigérian Goodluck Jonathan a affirmé vendredi à la presse qu'une équipe d'experts était déjà à l'oeuvre dans la forêt de Sambisa, proche de Chibok, avec du matériel électronique pour tenter de repérer les ravisseurs et leurs victimes.

Le long silence de M. Jonathan dans les semaines suivant l'attaque a été très critiqué. D'autant que juste après le rapt, les autorités avaient donné - par mégarde, selon elles - des chiffres erronés du nombre de lycéennes enlevées, bien inférieur à la réalité.

Nouveau fait embarrassant, un rapport d'Amnesty International publié vendredi affirme que l'armée nigériane avait été informée de l'imminence d'une attaque de Boko Haram contre l'école de Chibok le 14 avril, mais n'a pas réagi faute de moyens.

Les militaires soutiennent de leur côté que les troupes postées à Maiduguri, la capitale de l'État de Borno où se trouve Chibok, n'ont été informées de l'attaque qu'au moment où elle se déroulait et qu'en s'y rendant, elles «sont tombées dans une embuscade dressée par les terroristes» sur la route de 120 km séparant Maiduguri de Chibok.

«Toujours au Nigeria?»

Les États-Unis et des responsables de Chibok se sont inquiétés d'un possible transfèrement des adolescentes vers le Tchad et le Cameroun voisins pour y être vendues.

«Je pense que (les lycéennes) sont toujours au Nigeria», et même «dans la forêt de Sambisa», connue pour abriter des bases arrières de Boko Haram, a assuré M. Jonathan vendredi.

Pendant que l'aide s'organise sur le terrain, des personnalités du monde entier continuent à se mobiliser dans les médias et les réseaux sociaux.

Une lettre ouverte signée par une cinquantaine de personnalités, appelant à tout faire pour retrouver les captives, a été publiée samedi dans le Financial Times.

«Nous appelons tous les gouvernements locaux, nationaux et régionaux, avec le soutien total de la communauté internationale, à consacrer leur expertise et leurs moyens (...) pour ramener nos filles», selon le texte publié sur une pleine page du quotidien financier britannique.

Parmi les signataires figurent le chanteur Bono, les milliardaires Bill et Melinda Gates, le prix Nobel Muhammad Yunus, nombre d'anciens présidents (Brésil, Mexique, Mozambique, île Maurice, Tanzanie, Botswana, Liberia, Cap-Vert, Irlande), le fondateur de Virgin Richard Branson, le fondateur de CNN Ted Turner...

Le Conseil de sécurité de l'ONU a affirmé que ces exactions peuvent «constituer des crimes contre l'humanité».

Les 15 pays membres du Conseil se disent prêts à «suivre de manière active la situation des jeunes filles enlevées et à envisager des mesures appropriées contre Bako Haram», une allusion apparente à d'éventuelles sanctions.

L'insurrection islamiste a fait des milliers de morts (près de 2000 depuis le début de l'année) depuis 2009. Initialement concentrées dans le nord à majorité musulmane, où Boko Haram revendique la création d'un État islamique, les violences ont récemment fait des dizaines de morts dans la capitale, Abuja.

Une équipe d'experts français est arrivée au Nigeria

Une équipe d'experts français spécialisés dans le renseignement «humain et technique» est arrivée samedi au Nigeria pour participer aux recherches de plus de 200 lycéennes enlevées par la secte islamiste Boko Haram, a indiqué la présidence française.

«La mission française d'experts, spécialistes du renseignement humain et technique, ainsi que de l'observation et de l'analyse d'images est arrivée au Nigeria aujourd'hui (samedi), a indiqué à l'AFP l'entourage du président François Hollande.

«Si besoin elle sera renforcée», a-t-on précisé de même source.

Selon la présidence, «cette mobilisation d'experts français, pointus dans ces domaines, répond à la demande faite par le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, lors de son échange téléphonique avec le président de la République le 7 mai».

François Hollande avait alors assuré que la France allait renforcer son aide au Nigeria pour lutter contre les exactions du groupe armé islamiste. Il avait fait part de «sa volonté d'intensifier la coopération avec le Nigeria en matière de renseignement, en y associant les pays de la région, pour que ce groupe terroriste ne puisse plus mener de telles actions».

Des experts américains et britanniques sont déjà arrivés dans le pays pour participer aux recherches. La Chine a aussi proposé de partager les informations recueillies par ses services de renseignements et ses satellites.