Une première mission de la Cour pénale internationale (CPI) est en Centrafrique dans le cadre d'une enquête préliminaire sur les crimes commis dans le pays depuis 2012, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Des crimes graves ont été commis depuis 2012 en Centrafrique», a déclaré Amadi Bah, le chef de section de la Coopération internationale de la CPI, lors d'une conférence de presse jeudi à Bangui.

Il explique que «depuis 2002, des enquêtes ont été faites et elles se poursuivent à La Haye (siège de la CPI) par rapport aux crimes de 2002-2003 (lors d'un précédent coup d'État). Malheureusement encore, depuis 2012, des crimes graves et des atrocités sans pareilles ont eu lieu sur le territoire centrafricain».

Sous le régime du président François Bozizé, la Centrafrique avait saisi en 2003 la CPI d'un dossier concernant les crimes commis sur son territoire par les combattants du Mouvement de libération du Congo (MLC). Cela avait conduit à l'arrestation du chef du MLC, l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba.

En 2002, le MLC avait soutenu le président Ange-Félix Patassé face à la rébellion de François Bozizé, qui avait finalement pris le pouvoir en 2003 avant d'être renversé en 2013.

Désormais, ce sont les exactions commises notamment par l'ex-rébellion Séléka, à majorité musulmane, brièvement au pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014, qui font l'objet d'une enquête préliminaire ouverte le 7 février par la procureure de la CPI Fatou Bensouda.

Les milices chrétiennes anti-balaka, hostiles à l'ex-Séléka et responsables de nombreuses exactions sur les populations civiles musulmanes, sont également concernées.

Malgré ces démarches, les violences persistent en Centrafrique, où 13 personnes ont encore été tuées mardi dans des affrontements entre Séléka et anti-balaka à Kaga Bandoro, à 300 km au nord de Bangui.

«Ces affrontements ont donné lieu à des actes de pillages de part et d'autre, et de nombreuses maisons ont été incendiées par les deux camps. Des centaines de personnes se sont réfugiées à l'Église catholique», qui accueille désormais près de 13.000 personnes, a indiqué à l'AFP un officier de la force africaine en Centrafrique (Misca) sous couvert d'anonymat.

La région la plus sensible du pays reste cependant le nord, où ces dernières semaines de nombreux villages ont été attaqués par des hommes armés, ainsi qu'un hôpital géré par l'ONG Médecins sans frontières la semaine dernière.

Lundi, des affrontements entre un groupe armé et la force française en Centrafrique (Sangaris) ont fait plusieurs tués.

Selon l'armée française, les affrontements se sont produits à 450 km au nord-ouest de Bangui et ont duré environ trois heures, avec l'appui d'avions de chasse français venus de N'Djamena (Tchad). Il n'y a pas eu de blessé côté militaires.

Dans l'attente des 12 000 Casques bleus promis par l'ONU pour septembre, une quinzaine de soldats du contingent estonien de la force de l'Union européenne en Centrafrique (Eufor-RCA) ont effectué jeudi pour la première fois une patrouille dans les rues de Bangui, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La formation de cette force, annoncée en décembre, a été plus longue que prévu en raison de la réticence de nombreux États européens à y participer alors que se déclenchait la crise en Ukraine.

Eufor-RCA est actuellement composée d'environ 150 hommes, essentiellement des militaires français issus du contingent déjà présent et de soldats du contingent estonien.

Outre l'Eufor et les soldats français (2000 hommes), une force africaine, la Misca (5000 hommes), est également déployée en Centrafrique pour tenter de ramener la paix dans un livré au chaos et à des violences intercommunautaires depuis plus d'un an.

La crise sans précédent que traverse la Centrafrique, l'un des pays les plus pauvres du monde, a fait des milliers de morts et plus d'un million de déplacés.