Un attentat à la voiture piégée a fait au moins 16 morts jeudi en périphérie d'Abuja, la capitale du Nigeria, dans la gare routière qui avait déjà été la cible d'une attaque sanglante récemment.

L'attentat n'a pas été revendiqué pour l'instant, mais les soupçons se sont immédiatement portés sur le groupe islamiste Boko Haram, dont les attaques ont fait des milliers de morts au Nigeria depuis cinq ans.

La déflagration a eu lieu vers 20h dans la gare de Nyanya, à quelques kilomètres du centre d'Abuja.

Il s'agissait d'une voiture piégée et elle a explosé à 50 mètres à peine du lieu de l'attentat précédent, selon les détails apportés par Muhammad Sani Sidi, le directeur général de l'agence nigériane de gestion des situations d'urgence (NEMA), à la presse.

Un correspondant de l'AFP a vu neuf morts à l'hôpital général Asokoro d'Abuja tandis qu'un témoin a indiqué sous couvert de l'anonymat avoir vu sept corps dans le même établissement.

M. Sidi n'a pas voulu donner de bilan de son côté, expliquant que les victimes ont été transportées dans plusieurs hôpitaux d'Abuja et ses environs et qu'il n'avait pas encore toutes les informations.

Dans un communiqué, la NEMA a pour l'instant confirmé qu'il y avait neuf morts et 11 personnes inconscientes.

Selon Manzo Ezekiel, un porte-parole de la NEMA joint par l'AFP, le travail des secours est rendu difficile par l'osbcurité dans laquelle est plongée la gare de bus, très mal éclairée la nuit.

Nyanya était totalement innaccessible jeudi, après l'attentat, l'unique route reliant la gare de bus au centre d'Abuja ayant été bloquée et les voitures étant contraintes de rebrousser chemin sur plusieurs kilomètres, selon un journaliste de l'AFP.

Selon M. Ezequiel, qui vit près de Nyanya et a entendu l'explosion, les ambulances et les services de secours avaient du mal également à atteindre le site.

Une menace sérieuse 

La gare de Nyanya a déjà été la cible de l'attaque la plus meurtrière jamais perpétrée à Abuja, qui avait fait au moins 75 morts le 14 avril.

Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, considéré comme un terroriste à l'échelle mondiale par les États-Unis avait revendiqué l'attentat du 14 avril dans une vidéo obtenue par l'AFP.

Boko Haram, qui revendique la création d'un État islamique dans le Nord du Nigeria, a déjà pris pour cible des écoles, des églises, des mosquées et des symboles de l'État et des forces de l'ordre depuis le début de l'insurrection en 2009.

Le groupe islamiste, dont la plupart des attaques sont concentrées dans le Nord-Est, son fief historique, a déjà fait plus de 1500 morts cette année.

Ce second attentat en moins de trois semaines à quelques kilomètres du siège du gouvernement rappelle la menace sérieuse que fait planer Boko Haram dans le pays le plus peuplé d'Afrique, première économie du continent.

Le président Goodluck Jonathan est très critiqué pour son impuissance face aux atrocités commises par le groupe extrémiste, et ce malgré une opération militaire de grande envergure dans le Nord-Est, sous le coup d'un état d'urgence depuis un an.

Cet attentat intervient au moment d'une mobilisation croissante de l'opinion publique suite à l'attaque la plus choquante jamais perpétrée par Boko Haram: l'enlèvement de 100 à 200 filles âgées de 12 à 17 ans, dans leur établissement scolaire du Nord-Est.

Les responsables et les habitants de Chibok, la ville de l'Etat de Borno où le rapt a eu lieu, annoncent des bilans contradictoires, mais, selon la directrice du lycée des victimes, elles sont encore 187 à être retenues en otage par les islamistes.