Près de cinquante personnes sont mortes et 160 autres ont été blessées dans l'accident de train qui s'est produit au début de la semaine dans le sud-est de la République démocratique du Congo, selon un bilan définitif officiel publié jeudi soir.

Le bilan définitif est de «48 morts et 160 blessés, dont 12 grièvement», a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement Lambert Mende. «Sept (blessés graves) ont été ramenés à Lubumbashi par le ministre de la Santé et deux ont été opérés cet après-midi», a-t-il ajouté.

Les précédents bilans recueillis par l'AFP de différentes sources variaient jusque-là de 48 à centaine de morts.

Le drame est survenu mardi dans un lieu très enclavé et marécageux, à 65 kilomètres au nord de Kamina, une localité située à quelque 600 km au nord-ouest de Lubumbashi, la capitale de la province minière du Katanga, après qu'un train de marchandises transportant des passagers clandestins eut déraillé.

Les secours ont mobilisé des moyens humains et matériels importants pour venir en aide aux victimes de cette nouvelle catastrophe. Les accidents de train sont assez fréquents en RDC, dont le réseau ferroviaire, mis en service à l'époque coloniale belge, a été peu entretenu depuis l'indépendance, en 1960.

«Une grue spéciale avec une main-d'oeuvre supplémentaire spécialisée dans le déraillement» a été acheminée sur le site mercredi pour «soulever les wagons», a déclaré jeudi matin à l'AFP le ministre de la Santé, le Dr Félix Kabange Numbi.

Wagons éventrés, corps inertes

Les photos prises le jour de l'accident ne laissent aucun doute sur la violence du choc. On y voit, dans un virage bordé de verdure, des wagons couchés, déformés et parfois éventrés, avec à côté des bagages, des effets personnels, des sacs de vivres, des bidons jaunes.

Sous certaines voitures, ou dans ce qui l'en reste, des corps inertes. Comme la dépouille de cette femme dont les jambes sont suspendues dans l'air. Ou cette autre gisant sous un wagon à côté de marchandises de chinchards, une espèce de poisson prisé dans la zone.

«J'ai vu le corps de quelques femmes, d'une fillette, des personnes mortes coincées entre deux wagons», avait dit mercredi à l'AFP le Dr Kabange Numbi.

Il s'est réjoui jeudi qu'une femme coincée à qui il avait parlé la veille ait été sauvée mais souligné que d'autres étaient alors encore prisonniers de la ferraille: «Hier soir, il y avait encore quelques personnes qui parlaient».

Pour tenter de les évacuer, la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC), qui avait envoyé la grue et le personnel spécialisé, a convoyé trois wagons.

«L'armée, la police, la Croix-Rouge, les services administratifs» participent aussi aux secours, avait dit le ministre.

Dans un communiqué, la Mission de l'ONU en RDC (Monusco) a annoncé que «dès l'annonce de l'accident (...) une équipe médicale de la Monusco à Kamina s'est rendue sur les lieux et a administré les premiers secours».

Pilleurs de cadavres

La zone de l'accident, inaccessible en voiture, a compliqué les opérations. Le ministre de la Santé a expliqué s'être fait déposer par un hélicoptère et a encore dû marcher trois kilomètres dans une brousse épaisse pour se rendre sur place.

L'accident a semble-t-il attisé des convoitises. Un responsable local, cité par un journaliste de Kamina, a expliqué que l'armée a dû chasser des civils qui voulaient dépouiller les biens des cadavres - une pratique courante lors des catastrophes en RDC, où la majorité de la population vit dans une grande pauvreté.

À cause de la chaleur écrasante, certains corps ont commencé à se décomposer. «Nous devons avoir de la chaux et du désinfectant qui doivent arriver pour traiter le site», avait indiqué le ministre de la Santé.

Une enquête doit permettre d'éclaircir les circonstances du drame, qui serait survenu lorsque la locomotive, «neuve» selon M. Mende, s'est emballée, provoquant la chute du train dans un virage. Elle devrait notamment aider à comprendre comment des passagers clandestins se trouvaient dans un train de marchandises.

La Banque mondiale finance un projet qui doit restaurer la «viabilité financière et opérationnelle» de la SNCC, en plein redressement économique.