Au moins trente personnes ont été tuées samedi dans une attaque imputée à des éleveurs fulani (peuls) lors d'une réunion de chefs communautaires dans l'Etat de Zamfara (nord du pays), selon la police.

Des survivants ont avancé le chiffre de plus de 60 morts.

«Trente personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police de l'Etat, Lawal Abdullahi.

L'incident a eu lieu samedi à Galadima «au cours d'une réunion de chefs de communautés et des représentants de milices d'auto-défense des États de Zamfara, Kebbi, Kaduna et Kastina», a précisé M. Abdullahi.

Les participants discutaient de la stratégie à adopter face aux voleurs de bétails quand des Fulanis en armes ont fait irruption et ouvert le feu.

Les forces de sécurité se sont déployées dans le secteur de la tuerie, a encore dit le porte-parole.

Des rescapés de l'attaque ont cependant évoqué le chiffre de 61 morts dans l'assaut.

«Nous avons compté 61 corps sur les lieux de l'attaque, la nuit dernière, où de nombreuses personnes étaient blessées», a raconté à l'AFP un survivant, se présentant sous le nom de Babaginda.

Les affrontements sur des questions liées à la terre sont fréquents entre des éleveurs de bétail musulmans fulani et des communautés chrétiennes depuis plus d'une décennie, notamment dans le centre du pays divisé entre le Nord à majorité musulmane et le Sud à majorité chrétienne. Et ce, malgré les efforts pour y ramener la paix.

Mi-mars, une centaine de personnes avaient été tuées dans l'attaque de trois villages dans l'État de Kaduna (centre) par des hommes munis d'armes à feu et de machettes. La police de l'Etat avait refusé de donner des précisions sur l'origine des assaillants, mais la population locale, majoritairement chrétienne, accusait les éleveurs musulmans fulani d'être les auteurs des attaques.

Les violences entre communautés d'agriculteurs et d'éleveurs dans le centre du Nigeria auraient fait 10 000 morts en vingt ans, selon les estimations d'organisations de défense des droits de l'Homme, notamment Human Rights Watch.

Les chefs peuls se plaignent depuis des années de la perte de terres d'élevage, ce qui alimente l'hostilité entre les éleveurs musulmans et leurs voisins agriculteurs.

Au Nigeria, la loi prévoit que les communautés indigènes ont plus de droits dans leurs régions natales, y compris un accès préférentiel à l'éducation et au marché du travail.

Les Fulani se disent victimes d'une discrimination systèmatique, et les conflits diffèrent d'un État à l'autre, avec souvent un aspect religieux surtout dans les régions où les fermiers sont majoritairement chrétiens.