La fièvre hémorragique virale continue de s'étendre en Afrique de l'Ouest, où un nouveau cas suspect d'Ebola a été signalé jeudi au Liberia, officiellement pas lié aux cas déjà identifiés dans le pays et en Guinée voisine.

L'épicentre de cette fièvre hémorragique virale, due en partie au virus Ebola, reste la Guinée, où l'épidémie a tué 84 personnes sur 134 cas enregistrés depuis janvier, essentiellement dans des districts du sud frontaliers du Liberia, selon le dernier bilan officiel du gouvernement guinéen.

Trente-cinq de ces cas ont été confirmés comme étant dus à Ebola, virus contre lequel il n'existe ni vaccin ni traitement. Hautement contagieux, son taux de mortalité peut atteindre 90 % et s'élevait début avril pour l'épidémie guinéenne à 65 %, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Plusieurs cas suspects de fièvre hémorragique, dont certains mortels, avaient déjà été signalés au Liberia ainsi qu'en Sierra Leone, tous liés à des contaminations originaires de Guinée.

Mais jeudi, le ministère libérien de la Santé a annoncé la découverte près de la localité de Tapeta, dans la région de Nimba (est), d'un nouveau cas suspect qui, contrairement aux précédents, n'est pas lié à la Guinée, marquant une évolution inquiétante de la situation épidémiologique en Afrique de l'Ouest.

Il s'agit d'un chasseur «qui n'a jamais eu aucun contact avec quiconque venant de Guinée», a déclaré à l'AFP Bernice Dahn, chef du service médical du Liberia et responsable au ministère de la Santé. «Il n'avait jamais eu aucune interaction avec une personne soupçonnée d'être porteuse du virus» Ebola et «n'est jamais allé en Guinée, c'est un cas isolé».

Selon elle, cet homme était en forêt, où il a disposé de nombreux pièges à animaux sauvages, lorsqu'il s'est senti malade. «Il a été conduit à l'hôpital à Tapeta, où il est décédé une demi-heure plus tard».

Le comté de Nimba comprend des zones de forêts tropicales abritant de nombreuses espèces animales susceptibles de véhiculer le virus Ebola.

Jusqu'alors, les cas suspects signalés au Liberia avaient eu des contacts directs ou indirects avec des patients contaminés ayant été en Guinée et s'étant ensuite rendus dans la région de Lofa (nord).

Quatorze cas de fièvre hémorragique, dont sept décès - y compris le chasseur - étaient signalés jeudi au Liberia. Deux de ces cas ont été testés positifs au virus Ebola, et «nous maintenons sous surveillance 44 personnes ayant été en contact avec les cas signalés», a précisé Bernice Dahn.

«J'ai peur» 

Cette nouvelle n'a pas provoqué de panique dans la capitale Monrovia, même si certains habitants étaient inquiets.

«Si le cas de Tapeta était confirmé (positif à l'Ebola), alors nous devrions nous inquiéter, parce que beaucoup de gens pourraient avoir mangé ou touché le gibier tué par le chasseur. Je suis de Tapeta et j'ai peur», a confié Peter Dahn, 54 ans - sans lien de parenté avec Mme Dahn, un nom courant au Liberia.

Le virus Ebola se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés, qu'il s'agisse d'hommes ou d'animaux, vivants ou morts.

Des campagnes d'information et de sensibilisation sont répercutées au Liberia par les médias, tout comme en Guinée, où se poursuivaient jeudi les efforts pour enrayer la propagation de l'épidémie.

Médecins sans frontières (MSF) continue «de renforcer ses équipes pour répondre à l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola en Guinée», a indiqué dans un communiqué cette organisation, l'une des plus actives sur le terrain.

«Nos efforts visent à contenir l'épidémie, en détectant et en isolant les malades du reste de la population», a déclaré Anja Wolz, coordinatrice d'urgence de MSF à Conakry.

«Bien qu'il n'y ait pas de traitement pour cette maladie, on peut réduire la mortalité très élevée», notamment par «l'administration d'une perfusion aux patients qui arrivent déshydratés parce qu'ils ont la diarrhée» et en s'assurant qu'ils ne souffrent pas d'autres maladies, a ajouté Mme Wolz.

Le 31 mars, MSF avait appelé à une «mobilisation contre une épidémie d'Ebola sans précédent», en expliquant que la dissémination du nombre de cas sur le territoire compliquait «énormément la tâche» des acteurs de la lutte.

Trois cas suspects décelés au Mali

Le gouvernement malien a annoncé jeudi soir que «trois cas suspects» de fièvre hémorragique virale ont été détectés au Mali et placés en isolement en attendant les résultats de tests au virus d'Ebola.

«Trois cas suspects de fièvre hémorragique ont été décelés sur le territoire national. Des échantillons ont été prélevés et envoyés à l'extérieur pour analyse», a déclaré à l'AFP le ministre malien de la Santé et de l'Hygiène, Ousmane Koné, peu avant la diffusion d'un communiqué du gouvernement assurant que les patients «ont été placés dans une unité d'isolement où ils reçoivent des soins appropriés. A l'heure actuelle, leur état de santé s'améliore».