Le parti du président sud-africain Jacob Zuma a accusé l'opposition d'exploiter à des fins électorales la publication du rapport sur le gaspillage d'argent public lors des travaux de sécurité de sa propriété à Nkandla (est), et porté plainte en diffamation vendredi.

«Nous nous occupons activement de cette affaire en ouvrant des poursuites pour diffamation et comportement malintentioné», a indiqué le porte-parole de l'ANC, Jackson Mthembu, dans un communiqué.

Les élections sud-africaines sont prévues le 7 mai, et l'ANC estime que l'opposition libérale Alliance Démocratique (DA) a dépassé les bornes en envoyant jeudi un de ses leaders déposer une plainte pour corruption au commissariat de Nkandla.

«Lors d'une conférence de presse à Nkandla près de la propriété du président, Musi Maimane, porte-parole national de la DA, a déclaré, le regard tourné vers la maison et gesticulant violemment que "ça remplaçait les maisons des pauvres, les hôpitaux et cliniques des zones sous-développées (...)"», a critiqué M. Mthembu, dénonçant une volonté «assassine, désespérée et opportuniste» de discréditer M. Zuma et l'ANC.

De son côté, la DA a enfoncé le clou avec un nouveau communiqué vendredi annonçant des plaintes contre «tous les fonctionnaires impliqués dans la débâcle de Nkandla»: «Nous devons débarrasser le pays de la pourriture. L'ANC du président Zuma est corrompue et ils doivent rendre des comptes et être chassés le 7 mai».

Sans prononcer le nom de Nkandla, M. Zuma a mentionné le problème de la corruption dans son discours pour la journée nationale des droits de l'homme, commémorant le massacre de Sharpville en 1961.

«Nous savons que la population veut que la corruption soit éradiquée», a-t-il déclaré, affirmant vouloir ne pas laisser de répit aux entreprises faisant des affaires avec l'État et coupables de truquer les marchés, les prix ou de corruption.

Une déclaration qui laisse perplexe quand l'OCDE elle-même vient de se plaindre récemment de l'inaction de Pretoria contre les manoeuvres de corruption utilisées par ses entreprises, y compris publiques, dans leur expansion à l'étranger.

Un rapport de la médiatrice Thuli Madonsela, chargée de veiller à la bonne gestion des fonds publics, a conclu que le chef de l'État avait profité des travaux de sécurité à Nkandla et violé le code éthique qui l'engage à ne pas gaspiller l'argent public.

M. Zuma, dont la médiatrice estime qu'il a «tacitement» approuvé les aménagements sans rapport avec sa sécurité, comme la piscine, a été prié de rembourser un «pourcentage raisonnable» des travaux.

La facture totale a atteint 246 millions de rands (25,5 millions $).

Le rapport a aussi détaillé toute une chaîne des responsabilités, allant des ministres à l'architecte, entre autres, impliqués dans cette gestion «épouvantable».

Le président n'est cependant pas accusé formellement de corruption, un chef de poursuite pour lequel il avait failli être condamné après des années d'enquête pour corruption et dont il a été blanchi in extremis juste avant son élection en 2009, dans une affaire de pots-de-vin liés à un énorme contrat d'armement signé après la fin de l'apartheid.