Les Nations unies ont appelé mardi les rebelles hutu rwandais présents dans l'est de la République démocratique du Congo à se rendre «sans délai» sous peine d'être «désarmés de force».

«Je demande à tous les rebelles des FDLR Forces démocratiques de libération du Rwanda, de se désolidariser immédiatement de leurs leaders poursuivis par la justice, sous peine d'être désarmés de force», déclare Martin Kobler, chef de la Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco), dans un communiqué.

La Monusco, ajoute le communiqué, appelle «tous les membres des FDLR à faire reddition sans délai et à rejoindre le processus de désarmement, démobilisation, rapatriement, réinsertion et réintégration (DDRRR).»

Les déclarations de M. Kobler et de la Monusco sonnent comme un ultimatum avant le lancement d'une vaste offensive contre les FDLR annoncée par le gouvernement de Kinshasa en novembre après sa victoire contre la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), mais dont le lancement a été retardé à plusieurs reprises.

Lundi, le colonel Félix-Prosper Basse, porte-parole militaire de la Monusco, avait indiqué que l'armée congolaise et les Casques bleus se préparaient en vue d'une offensive devant être lancée «très bientôt» contre les rebelles hutu rwandais des FDLR.

Pour l'instant, avait-il expliqué en substance, il s'agit d'occuper le terrain pour inciter les FDLR à se rendre.

Depuis dimanche, des témoins et des journalistes de l'AFP ont vu des membres des Forces armées de la RDC (FARDC) et de la brigade d'intervention de l'ONU manoeuvrer ensemble dans la région de Tongo, à une soixantaine de kilomètres au nord de Goma, capitale de la province congolaise du Nord-Kivu, limitrophe du Rwanda.

Saluant les opérations des FARDC contre les FDLR, M. Kobler a affirmé «le soutien et l'engagement direct de la Monusco auprès de l'armée congolaise».

«Les opérations visent à neutraliser les FDLR et leurs alliés. Elles permettront aussi la restauration de l'autorité de l'État, conformément à notre mandat de protection des populations civiles et à nos règles d'engagement», déclare encore M. Kobler, cité dans le communiqué.

Les FDLR, qui compteraient 1500 à 2000 combattants environ selon les estimations, sont disséminées dans les provinces du Nord et Sud-Kivu.

Issu de Hutus rwandais réfugiés en RDC (alors le Zaïre) après le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, le mouvement est accusé de compter encore dans ses rangs des génocidaires.

Accusées d'atrocités à grande échelle contre des civils, les FDLR sont d'abord une menace pour la population locale congolaise. Le président rwandais Paul Kagame continue néanmoins de le considérer comme un danger existentiel.

Forte de plus de 20 000 hommes en uniforme, la Monusco est présente en RDC depuis 1999 et a vu son mandat progressivement renforcé. Elle est aujourd'hui habilitée à mener des opérations offensives contre les groupes rebelles qu'elle a pour mission de neutraliser.

L'Est de la RDC est déchiré par les conflits depuis vingt ans. Les milices y prospèrent, trouvant dans le contrôle de l'exploitation de ressources minières ou forestières une source importante de revenus.