L'Ouganda pourrait voir sa précieuse aide financière américaine rognée en rétorsion à sa récente loi de répression de l'homosexualité, promulguée lundi par le président Yoweri Museveni, a menacé mardi un poids lourd du Sénat américain.

«Je suis profondément inquiet de la décision du président ougandais Museveni de promulguer la loi anti-homosexualité», a déclaré le sénateur démocrate Patrick Leahy, très engagé en faveur des droits des homosexuels, dans un communiqué. «Je ne peux pas être en faveur de financements supplémentaires pour le gouvernement ougandais, tant que les États-Unis n'auront pas terminé le réexamen de notre relation».

Le sénateur Leahy préside la sous-commission votant le budget du département d'État et de l'aide étrangère. Parmi les options à sa disposition, il pourrait insérer un article dans la loi de finances 2015 conditionnant l'aide à l'Ouganda.

«La plupart de l'aide américaine à l'Ouganda est destinée aux Ougandais, y compris aux membres de la communauté LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) ougandaise dont les droits de l'homme sont violés de façon si tragique», a-t-il expliqué. «Mais nous devons réexaminer de près toute l'aide américaine à l'Ouganda, notamment via la Banque mondiale et d'autres organisations multilatérales».

Les États-Unis sont l'un des principaux donateurs internationaux à Kampala. En 2014, environ 456 millions de dollars d'aide ont ainsi été attribués, en majorité pour des programmes de santé.

Le secrétaire d'État John Kerry a annoncé lundi que Washington était «en train de réexaminer notre relation avec le gouvernement ougandais pour nous assurer que tout l'éventail de notre engagement, y compris les programmes d'assistance, (était) conforme à nos principes en matière de non discrimination et reflète nos valeurs».

Kampala est un allié de Washington en Afrique de l'Est, notamment pour la traque de la rébellion de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony.

Plusieurs autres parlementaires ont toutefois mis en garde contre les conséquences d'une baisse de l'aide.

«L'Afrique est un continent en péril», a souligné le républicain Lindsey Graham, en citant le sida et la faim qui frappe les enfants. «Est-ce qu'on veut vraiment supprimer une aide économique au monde en développement en Afrique pour une question comme celle-ci?».