L'explosion d'une grenade samedi à Antananarivo a fait un mort, un enfant de deux ans, et près de quarante blessés, à proximité du stade où venait d'avoir lieu le même jour l'investiture du nouveau président malgache Hery Rajaonarimampianina.

Interrogé pour savoir si l'attentat était dû à des gens s'opposant à son accession à la présidence, M. Rajaonarimampianina a répondu: «Pour l'instant, laissons les enquêteurs faire leur travail, puis après on verra».

«Mais je pense que ce qui est important à dire, c'est que c'est de la violence, et on ne peut tolérer qu'il y ait une telle forme de violence (...)», a-t-il dit.

«Il y a un État de droit, il y a l'autorité de l'État qui est là, on ne peut pas accepter une telle violence», a-t-il ajouté après une visite au chevet des blessés. «L'État va prendre en charge toutes les dépenses à l'hôpital et va aussi chercher l'auteur de ce crime», a-t-il promis.

La ministre de la Santé Olga Ramaroson a précisé que «suite à l'explosion (...), 38 personnes avaient été admises à l'hôpital HJRA, dont une est morte (...), un bébé de deux ans.

Les urgences de l'hôpital HJRA ont été débordées pendant plusieurs heures, obligeant à soigner des blessés dans les couloirs, a constaté l'AFP.

La majorité des victimes ont été blessées aux jambes, mais aussi à la tête ou au dos pour certains. Une femme a eu sa jambe gauche amputée.

Un blessé a raconté que «l'explosion s'est produite à peu près à 50 cm au-dessus du sol. La grenade a explosé avant de toucher le sol.»

Elle s'est produite à proximité d'un arrêt de bus à environ 200 mètres du stade municipal de Mahamasina où s'était tenue la cérémonie d'investiture du président dans la matinée, suivie d'un concert.

La grenade a explosé juste à la fin du concert, a indiqué à l'AFP un agent des forces de l'ordre, sous couvert de l'anonymat. Selon cette source, un homme blanc marchant à pied a lancé la grenade et s'est enfui en courant. La foule a vainement tenté de le rattraper.

Dans son discours, le nouveau chef de l'État avait insisté sur l'importance de tourner la page après cinq années de crise.

Il s'est posé en champion de l'unité nationale, annonçant une politique de la main tendue au camp de l'ex-président Marc Ravalomanana renversé début 2009.

Hery Rajaonarimampianina, un ancien comptable de 55 ans, a lui-même été le ministre des Finances du régime de transition sortant présidé par Andry Rajoelina, non élu et arrivé à la faveur du coup de force de 2009.

Soutenu par M. Rajoelina, il l'a emporté au second tour avec 53,49% des voix.

Son adversaire, battu lors du scrutin présidentiel du 20 décembre, Robinson Jean Louis, avait reconnu pour la première fois sa défaite vendredi.

Présent à la cérémonie d'investiture, M. Jean Louis a promis une opposition exemplaire. «Cette fois-ci, l'opposition sera capable de conseiller l'État» au lieu de «s'opposer toujours, perturber et descendre dans la rue», a-t-il dit à la presse.

La directrice de la Banque mondiale (BM) à Madagascar, Haleh Bridi, s'est dite «très encouragée par le discours du nouveau président. «C'est un discours absolument fabuleux, plein d'espoir», a également salué la ministre française de la Francophonie Yamina Benguigui.

Le processus électoral, qui s'est déroulé dans le calme, était considéré comme l'indispensable premier pas pour sortir de la grave crise politique, économique et sociale qui a profondément appauvri Madagascar, mise au banc des Nations depuis près de cinq ans.