Le ministre canadien des Affaires étrangères John Baird se dit «très inquiet» d'une nouvelle loi adoptée sans annonce par le président du Nigéria, qui interdit les mariages gais et criminalise les rassemblements gais et les associations d'homosexuels, avec des peines allant jusqu'à 14 ans de prison.

Le geste a suscité des critiques de partout sur la planète.

«Nous demandons au Nigéria de retirer cette loi et de promouvoir et de protéger les droits et libertés fondamentales de tous les Nigérians, et ce sans égard à leur orientation sexuelle», a déclaré lundi le ministre par voie de communiqué.

«Le Canada s'est clairement prononcé contre les violations des droits de l'homme en raison de l'orientation sexuelle des victimes, et nous continuerons de le faire.»

Certains gais du Nigéria ont déjà fui le pays en raison de l'intolérance envers leur orientation sexuelle, et d'autres pensent agir de même si la nouvelle loi est respectée, a fait récemment savoir le défenseur des droits de la personne Olumide Makanjuola.

La loi nigérianne n'est pas aussi sévère qu'une loi ougandaise adoptée le mois dernier devant punir d'une peine à perpétuité les cas d'actes homosexuels «graves». Cette loi doit encore être paraphée par le président.

L'homosexualité considérée comme une déviance

La législation nigérianne place cependant sous les feux de l'actualité une société fortement religieuse et conservatrice qui considère l'homosexualité comme une déviance. Le Nigéria est l'un des 38 pays africains - environ 70% du continent - qui possède des lois persécutant les homosexuels, selon Amnistie internationale.

L'Associated Press a obtenu une copie de la loi sur l'interdiction du mariage entre personnes de même sexe, lundi, qui a été signée par le président Goodluck Jonathan et datée du 7 janvier.

On ignorait pourquoi l'adoption de la loi avait été enveloppée de secret. La copie obtenue auprès de la Chambre des représentants à Abuja, la capitale, montre que les législateurs et sénateurs ont apposé leur signature le 17 décembre, bien qu'il n'y ait au aucune annonce à cet effet.

Le secrétaire d'État américain John Kerry a affirmé que les États-Unis sont «profondément inquiets» quant à cette loi qui «restreint dangereusement la liberté d'association et la liberté d'expression pour tous les Nigérians». Le Nigéria est l'un des principaux fournisseurs de pétrole brut aux États-Unis.

Il est désormais criminel de tenir un rassemblement d'homosexuels, d'exploiter ou de participer aux activités d'un bar gai, d'une société ou d'une organisation de défense des droits des homosexuels.

La nouvelle loi indique même que quiconque «exprime publiquement de façon directe ou indirecte une relation amoureuse entre personnes de même sexe au Nigéria commet un délit et risque s'il est reconnu coupable une peine de 10 ans».

Quiconque est condamné comme partie d'un contrat de mariage gai ou d'une union civile risque jusqu'à 14 ans de prison.

Le Nigéria comptait déjà une loi héritée de la colonisation britannique qui interdisait les relations sexuelles entre personnes de même sexe dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Le gouvernement britannique a récemment menacé de couper l'aide aux pays africains qui violent les droits des gais et des lesbiennes. Néanmoins, l'aide du Royaume-Uni demeure plutôt mince au Nigéria.