Le commandant des opérations qui devaient cibler les rebelles ougandais des ADF-Nalu dans l'est de la République démocratique du Congo est mort dans une embuscade tendue par des ADF-Nalu présumés, a-t-on appris jeudi de source officielle.

«J'ai une triste nouvelle. Le colonel Mamadou Ndala a été tué. (...) Apparemment, ce sont des ADF-Nalu qui l'ont tué avec deux de ses gardes du corps. C'est vraiment une perte immense pour les Forces armées et pour la République», a déclaré à l'AFP Lambert Mende, porte-parole du gouvernement.

«Il était en route vers Eringeti, à 54 km de Beni pour le déploiement d'un bataillon de commandos quand sa jeep est tombée dans une embuscade», a précisé M. Mende.

L'attaque s'est déroulée à Matembo, une localité du territoire de Beni, dans le nord de la province riche et instable du Nord-Kivu (est).Un roquette a atteint la jeep du colonel Ndala, en charge des opérations contre la rébellion ougandaise Alliance des forces démocratiques et de l'Armée nationale pour la libération de l'Ouganda (ADF-Nalu).

«Juste quand il est arrivé à Matembo, une roquette est arrivée du côté droit de la route et a atteint notre jeep, surmontée d'une arme lourde. J'ai commencé à tirer jusqu'à terminer toutes mes munitions, mais nos agresseurs avançaient toujours», avait déclaré à l'AFP le caporal Paul Safari, un garde du corps du colonel Ndala.

«Quand la roquette a touché la jeep, le colonel était toujours en vie. Quand j'ai fui, je ne l'ai pas vu sortir de la voiture, je ne sais pas s'il est vivant ou pas», avait-t-il précisé.

Un journaliste de l'AFP qui s'est rendu sur le lieu de l'attaque a vu le corps calciné et décapité du colonel Ndala. Des commandos étaient en pleurs ou avaient les armes aux yeux. Tous étaient sous le choc, et pétris de colère et d'incompréhension. Des paysans aussi également sous le choc.

Avant l'annonce de la mort du colonel Ndala, le journaliste de l'AFP avait vu cinq militaires blessés être transférés à l'hôpital de la ville de Beni, chef-lieu du territoire, à environ une dizaine de kilomètres au sud de Matembo.

Un officier supérieur de la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco), qui soutient l'armée sur le terrain, a confirmé l'attaque à l'AFP. «Il y a eu embuscade, a priori des ADF-Nalu contre les FARDC. A priori, la situation est compliquée...», a-t-il indiqué, sans plus de précision.

L'ADF-Nalu est né au milieu des années 1990 de la fusion de deux groupes armés opposés au président ougandais Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986.

Aujourd'hui uniquement composée d'islamistes, l'ADF-Nalu est dirigée depuis 2007 par Jamil Mukulu, un chrétien converti à l'islam. Les Etats-Unis l'ont placé sur leur liste d'organisations terroristes dès 2001 et Jamil Mukulu est visé par des sanctions de l'ONU depuis 2011 et de l'Union européenne depuis 2012.

Ses combattants ont toujours trouvé un abri au Zaïre, devenu RDC en 1997, sur les pentes verdoyantes de la chaîne volcanique du Rwenzori, qui culmine à plus de 5.000 mètres.

«Avant d'attaquer les ADF-Nalu, il faut savoir où ils sont précisémment, quels sont leurs moyens (...), le renseignement est compliqué, les conditions environnementales sont compliquées, la conjoncture n'est pas favorable», estime un observateur militaire.

Le 16 décembre, la Monusco avait dénoncé le massacre d'au moins 21 personnes avec une «extrême brutalité» dans deux villages du territoire de Beni. La société civile (associations, ONG, syndicats...) avait attribué ce «carnage» aux ADF-Nalu, qui collaborent avec des milices locales.

L'armée et la Monusco avaient promis d'agir contre cette rébellion qui a très longtemps bénéficié de la bienveillance de Kinshasa.

Le 25 décembre à l'aube, les ADF-Nalu se sont emparés de Kamango, une localité à près de 500 km au nord de la capitale provinciale Goma qu'ils avaient occupée plusieurs jours en juillet. L'armée et la Monusco ont repris la ville le jour même.

Deux axes mènent à Kamango. L'un d'eux passe par un sentier qu'il faut emprunter à pieds dans le parc des Virunga. Un sentier où «plusieurs soldats FARDC ont été tués» en voulant s'approcher des ADF-Nalu, selon l'officier supérieur de la Monusco.