Le prêtre français Georges Vandenbeusch, enlevé mi-novembre au Cameroun par le groupe armé islamiste nigérian Boko Haram s'est dit en «pleine forme» et «extrêmement reconnaissant» envers le président camerounais Paul Biya.

Le père Georges est attendu mercredi à 05H40 GMT sur la base aérienne de Villacoublay, près de Paris, par ses proches et le président François Hollande, a-t-on appris auprès de l'Élysée.

«Je suis en pleine forme, extrêmement reconnaissant à tous ceux qui ont travaillé pour cette libération, particulièrement le président Paul Biya», a déclaré le père Vandenbeusch à la radio d'État camerounaise lors de son arrivée à Yaoundé en avion mardi, tout en précisant: «Je mesure bien la chance que j'ai».

Revenant sur les conditions de sa détention, il a décrit «sept semaines sans rien faire du tout, à tourner en rond, sous ma bâche sous un arbre, sans rien lire, sans parler à personne, pas de radio: c'est l'ennui terrible, de la tristesse et de la colère parce que je suis très attaché à la paroisse dans laquelle j'étais curé (Nguetchewe, à environ 700 km au nord-est de Yaoundé)».

Le prêtre français, dont la libération a été annoncée mardi matin par le président français François Hollande sans en dévoiler les circonstances, est arrivé vêtu d'un simple un tee-shirt blanc, souriant et l'air détendu en début d'après-midi à la résidence de l'ambassadrice de France à Yaoundé, a constaté un correspondant de l'AFP.

Le président français a remercié, dans un communiqué, «tous ceux qui ont travaillé sans relâche à cette issue, notamment les autorités du Cameroun et du Nigeria» et «particulièrement le président (camerounais) Paul Biya pour son implication personnelle».

«Le père Georges Vandenbeusch a retrouvé la liberté», a de son côté annoncé la présidence camerounaise dans un communiqué mardi après-midi. Le président Biya «adresse ses félicitations et ses remerciements à tous ceux qui ont contribué à cet heureux dénouement», ajoute le texte.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, se rend à Yaoundé, capitale du Cameroun, où il doit arriver vers 20h00 (19H00 GMT) pour accueillir le prêtre, selon une source diplomatique.

Interrogé sur l'état de santé du prêtre, M. Fabius a indiqué à la radio RTL, que, selon ses informations, il n'y avait «pas de problème».

«Nous l'avons rencontré peu avant (son) avion pour Yaoundé. Il avait l'air fatigué, mais en bonne santé», a déclaré à l'AFP le père Henri Djonyang, vicaire général du diocèse de Maroua-Mokolo (nord Cameroun), dont dépend la paroisse du prêtre.

«Il nous a assuré qu'il n'avait pas été menacé. Il nous a également dit que son souhait était de revenir travailler avec nous. C'est le nôtre également», a ajouté le vicaire.

Circonstances à éclaircir

Le Vatican s'est réjoui de la libération du prêtre, estimant qu'elle «encourage à l'espérance», tout en invitant à prier «pour les autres personnes retenues injustement en otage» dans le monde.

«Joie et soulagement», écrit par ailleurs dans un communiqué le porte-parole de la conférence des évêques de France (CEF) Mgr Bernard Podvin, en remerciant «tous ceux qui ont contribué à cette issue heureuse».

Le père Vandenbeusch, âgé de 42 ans, avait été enlevé dans la nuit du 13 au 14 novembre par une quinzaine d'hommes armés dans l'extrême nord du Cameroun, dans le même secteur que sept Français - dont quatre enfants - kidnappés le 19 février 2013, également par l'organisation Boko Haram. La famille Moulin-Fournier avait finalement été libérée saine et sauve après deux mois de séquestration.

D'après plusieurs témoignages, les ravisseurs avaient très rapidement conduit le père Georges au Nigeria voisin, où quelques jours plus tard, un autre Français, Francis Collomp, enlevé en décembre 2012 par un groupe islamiste du nord, avait réussi à s'échapper le 16 novembre.

Les circonstances de sa libération restent à éclaircir.

Selon une source diplomatique française, le prêtre «a été libéré aux premières heures de la matinée dans le nord du Cameroun». De son côté, l'armée nigériane a fait savoir par l'intermédiaire de son porte-parole, le général Chris Olukade, qu'elle n'était pas impliquée dans sa libération.

Une source proche des services de sécurité camerounais avait indiqué mi-décembre que des négociations étaient menées à travers des intermédiaires camerounais, proches des ravisseurs.

«Il fallait y croire»

Sa famille et le diocèse de Nanterre, auquel il était rattaché, ont remercié, dans un communiqué, «les autorités françaises, camerounaises et nigérianes pour leur mobilisation» et tous ceux qui leur ont apporté un soutien «au cours de cette épreuve».

«En ce moment de bonheur, nous n'oublions pas les autres otages français, et adressons toutes nos pensées à leurs familles», poursuivent-ils.

Mardi matin, les cloches de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Sceaux, où le père Vandenbeusch a officié pendant neuf ans avant de partir pour l'Afrique, résonnaient pour célébrer sa libération.

«C'était une grande joie, on a toujours gardé l'espérance», sourit le vicaire, qui a été prévenu par un paroissien. Dans la matinée, des fidèles sont venus se recueillir quelques minutes dans la petite église.

«Cette église a beaucoup prié pour lui. Tous les jours, il y avait des cierges allumés. Il fallait y croire», a relevé Marie, 45 ans, avant de déposer une fleur au pied de la statue de la Vierge. «Ça fait du bien, c'est un soulagement!».

Le père Georges officiait dans le nord du Cameroun depuis 2011 dans le cadre d'un échange de prêtres entre diocèses.

Les autorités françaises l'avaient alerté à plusieurs reprises sur la dangerosité de la zone et l'avaient exhorté à partir, mais le prêtre catholique avait décidé de rester. «Les combats contre la secte islamiste (Boko Haram) font rage juste à côté (...), mais mon travail ici est passionnant», avait-il écrit peu de temps avant son enlèvement à ses anciens paroissiens.

Le groupe Boko Haram a été placé en novembre sur la liste des organisations terroristes établie par les États-Unis. Il revendique la création d'un État islamique dans tout le nord du Nigeria, majoritairement musulman.

Six Français restent à ce jour retenus en otage au Mali et en Syrie, a rappelé mardi le président Hollande, qui a «réitéré son soutien à leurs familles, particulièrement en cette période de fêtes, et leur a redit sa détermination à oeuvrer à leur libération».