La police kényane interrogeait dimanche un suspect et a lancé un mandat d'arrêt contre un autre, au lendemain de l'attentat dans un bus à Nairobi, dont le bilan est passé à six morts.

«Nous avons perdu deux victimes à l'hôpital, où une trentaine de personnes restent admises», a déclaré dimanche le chef de la police de Nairobi, Benson Kibue, «le bilan (...) est désormais de six tués».

«Nous détenons un suspect qui a été arrêté peu après l'attentat. Il nous aide dans l'enquête», a-t-il poursuivi, mais «nous ne pouvons pas dire à l'heure actuelle qu'il a été directement impliqué dans l'attaque. Il a été appréhendé pour interrogatoire».

Parallèlement un mandat d'arrêt a été lancé contre un autre suspect, identifié comme Hussein Nur Mohamed, «environ 21 ans», a annoncé le chef de la police kényane David Kimayio, car «des indices suggèrent qu'il a quelque chose à voir avec l'attaque».

Ce suspect est en fuite depuis sa mise en liberté sous caution dans une autre affaire de terrorisme dans laquelle il était inculpé, a-t-il expliqué, sans donner d'autres précisions. La police a publié une photo de Hussein Nur Mohamed et appelé «la population à fournir des informations permettant de l'arrêter».

Benson Kibue a par ailleurs expliqué que «d'après les analyses, il semble que ce soit une bombe artisanale» qui soit à l'origine de l'explosion. Il n'a pas précisé si l'engin avait été lancé de l'extérieur, déposé dans le bus ou transporté par un passager.

L'explosion, apparemment de forte puissance, a totalement déchiqueté samedi en fin d'après-midi l'arrière du bus de 32 places qui reliait au centre-ville au quartier d'Eastleigh - surnommé «Little Mogadiscio» en raison de sa très forte population somalienne ou kényane d'ethnie somalie.

Elle a également endommagé des véhicules circulant derrière le bus, dans lesquels au moins une personne a été tuée, selon des témoins.

Cet attentat était le quatrième en cinq jours au Kenya, qui fêtait jeudi le cinquantenaire de son indépendance, sans que ces attaques, au mode opératoire et aux cibles différents et dont aucune n'a été revendiquée, puissent être reliées dans l'immédiat.

Ces violences ont fait 15 morts au total: six dans l'attentat contre le bus de Nairobi, huit dont cinq policiers dans une embuscade dans l'est, près de la frontière somalienne, et une dans une double explosion sur un marché de Wajir (nord-est) à une centaine de km de la Somalie.

Une grenade a également été lancée sans exploser jeudi, jour du 50e anniversaire de l'indépendance, sur un minibus transportant des touristes à Mombasa, deuxième ville du pays sur la côte. C'est le premier attentat visant directement des touristes depuis la mi-2011.

«Nous tentons de savoir s'il y a un quelconque lien entre ces (...) incidents, mais jusqu'ici nous n'avons pu établir aucune connexion», a expliqué à l'AFP un agent de l'unité anti-terroriste de la police ayant requis l'anonymat.

«Mais nous n'avons aucun doute, d'après nos investigations jusqu'ici, que les shebab sont derrière l'explosion (du bus) et celles de Wajir», a-t-il poursuivi. Un de ses collègues, cité par le quotidien Nation dimanche, a aussi évoqué la piste d'une rivalité entre compagnies de bus dans l'attentat de Nairobi.

Depuis qu'il a envoyé son armée combattre les islamistes shebab en Somalie en octobre 2011, le Kenya a été le théâtre d'attaques récurrentes, particulièrement dans sa partie Est, qui longe sur 700 km la frontière somalienne, mais aussi à Nairobi et Mombasa.

Les shebab avaient revendiqué l'assaut mené par un commando islamiste le 21 septembre contre le centre commercial Westgate de Nairobi qui a fait 67 morts et une vingtaine de disparus. Si l'essentiel des autres attaques - de bien moindre ampleur - n'ont pas été revendiquées, les autorités les attribuent souvent aux shebab ou à leurs sympathisants.

Dans l'est du pays, où les armes pullulent, il est parfois difficile de savoir ce qui relève de la contagion somalienne ou des conflits locaux - autour des pâturages, de l'eau ou du bétail - parfois très meurtriers.

Aucun déploiement particulier de force n'a été signalé ailleurs dans la capitale, notamment aux abords des églises, en ce jour de service dominical.