Plusieurs centaines de personnes de toutes les races se sont réunies pour chanter et danser dans la nuit pour une veillée improvisée devant le domicile de Nelson Mandela à Johannesburg, immédiatement après l'annonce de sa mort jeudi soir.

L'atmosphère était plus à la célébration qu'au recueillement, jeunes et vieux agitant des drapeaux, entonnant hymne national et chants antiapartheid, criant des «Vive Mandela», tenant des chandelles, tandis que la police avait interdit le quartier à la circulation.

Des habitants de Johannesburg continuaient à arriver en masse dans la nuit, venus parfois de Soweto où le Mandela de la lutte antiapartheid avait sa maison, à 25 km de là. Des politiciens locaux se mêlaient à eux.

Certains brandissaient des drapeaux aux couleurs de l'ANC, le parti au pouvoir dont Nelson Mandela a été le plus célèbre militant. Les premiers bouquets ont fait leur apparition devant le mur de la maison.

«J'étais là quand il est sorti de prison. Je suis ici maintenant, et tout ça est irréel. Notre héros est parti», a dit à l'AFP Reginald Mokoena, un jardinier dans le quartier résidentiel de Houghton où résidait le héros national.

«Le vieil homme est parti, mais il n'est pas temps de pleurer», a-t-il ajouté.

Ashleigh Williams, qui vit non loin de là, a expliqué qu'elle avait accouru après avoir appris la nouvelle à la télévision.

«Je savais que ce jour viendrait, mais je peux dire que le combat de notre Madiba bien-aimé était juste, maintenant, il est temps qu'il se repose», a-t-elle dit, l'appelant de son nom de clan affectueusement repris par la majorité des Sud-africains.

«Mon coeur est empli de joie et de tristesse à la fois. Il laisse un grand héritage. (...) Je ne crois pas que personne pourra jamais prendre sa place.»

«L'Afrique du Sud est ce qu'elle est aujourd'hui à cause des sacrifices qu'il a faits, un homme généreux et désintéressé. Il faut maintenant que nous gardions son esprit dans nos coeurs», a noté Thando Serote, venu de Soweto.

«Je suis ici parce que c'est le plus désastreux jour de ma vie en Afrique du Sud. Nous venons de perdre le père de notre nation. J'ai entendu la nouvelle et il fallait que je voie, juste pour dire un dernier adieu», a renchéri Ebrahim Omar.

«Pour le monde, il était une icône. Pour nous, il était notre leader, notre héros», a dit un autre participant à cette veillée, avant de se mettre à chanter.

Nelson Mandela est mort jeudi soir, à l'âge de 95 ans. Il était rentré chez lui le 1er septembre, après avoir passé près de trois mois à l'hôpital après une rechute de son infection pulmonaire et probablement d'autres complications. Il se trouvait dans un état critique depuis plus de cinq mois, selon la présidence sud-africaine.