Au moins 12 personnes d'origine peule ont été tuées et plus d'une dizaine blessées, dont dix enfants, à 95 km au nord de Bangui, dans l'attaque de leur campement par une milice d'autodéfense villageoise, a-t-on appris de source militaire mercredi.

«Au moins 12 personnes, toutes des «Mbororos», membres de la minorité peule, ont été tuées dans la nuit de lundi à mardi près de Boali par des «anti-balakas» (milices d'autodéfense chrétiennes). Les assaillants ont été aperçus non loin du campement et sont revenus nuitamment attaquer les éleveurs (essentiellement musulmans) qui s'y trouvaient, à l'arme blanche», selon cette source.

«Parmi les victimes figurent des enfants et une femme enceinte éventrée. Quelques-uns ont réussi à s'échapper et on dénombre plus d'une dizaine de blessés», a précisé cette source militaire.

En proie à une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent, la Centrafrique devrait faire l'objet d'une résolution de l'ONU dès jeudi pour permettre le renforcement de la force africaine présente dans le pays et l'intervention à ses côtés de l'armée française qui compte déjà plus de 600 hommes à Bangui.

Dix très jeunes enfants, blessés à la machette dans la dernière attaque selon le personnel soignant, étaient hospitalisés mercredi au complexe pédiatrique de Bangui, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Souffrant de multiples blessures aux membres ou à la tête, ils ont été évacués vers le seul hôpital du pays à avoir un service pédiatrique.

Au chevet du lit de son fils gémissant de douleur, un père qui dit avoir perdu son épouse et un autre enfant dans l'attaque a raconté que les assaillants ont surgi dans la nuit.

«Il y a eu des coups de feu, puis ils ont attaqué avec des machettes, a ajouté cet homme», qui par peur n'a pas donné son nom.

«On voit assez régulièrement des gens blessés à la machette, mais autant en une seule fois, on ne l'a jamais vu», a expliqué à l'AFP un infirmier.

Les milices anti-balakas (littéralement «anti-machettes») affirment lutter contre l'ex-rébellion Séléka, de majorité musulmane, qui a pris le pouvoir en mars et se livre à de nombreuses exactions sur les populations.

Elles sont implantées dans le nord-ouest du pays, où depuis septembre les violences ont fait au moins 150 morts et des dizaines de milliers de déplacés - chrétiens et musulmans - pris dans un cycle de représailles et contre-représailles.

Ces violences intercommunautaires menacent de prendre un tour religieux entre chrétiens, qui constituent la grande majorité de la population centrafricaine, et musulmans.

Le Premier ministre Tiangaye dénonce un «massacre»

Le premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye a qualifié mercredi de «massacre» la mort de 12 civils peuls, dénonçant des «actes horribles et odieux».

«Ces massacres ont été condamnés par le gouvernement. Il s'agit d'actes horribles, odieux», a déclaré le premier ministre sur France 24.

M. Tiangaye est arrivé à Paris où il va représenter son pays au sommet de l'Élysée vendredi et samedi.

Le premier ministre centrafricain a fait état d'un «massacre» commis par «un groupe de miliciens», les victimes étant «des Peuls, essentiellement des femmes et des enfants qui ont été blessés et conduits à Bangui». Il a évoqué «ces derniers jours, une recrudescence de ces violences, particulièrement en province».

«Le gouvernement condamne toutes les violences d'où qu'elles viennent, qu'elles soient commises par les ex-Séléka (rebelles qui ont porté l'actuel président Michel Djotodia au pouvoir, NDLR) ou les anti-balakas».