Un couvre-feu de 24 heures a été imposé lundi à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, isolant le fief de Boko Haram du reste du pays, après une nouvelle attaque de grande envergure imputée au groupe islamiste, ont déclaré les autorités.

Selon le gouvernement de l'État de Borno, dont Maiduguri est la capitale, la décision a été prise en accord avec l'armée qui semble avoir été visée par l'assaut lancé par plusieurs centaines d'insurgés.

Outre l'interdiction de circuler dans l'agglomération, les routes avec la ville ont été barrées et l'aéroport fermé, a déclaré le gouvernement local, justifiant ces mesures par une attaque lancée par des membres présumés du groupe islamiste dans la nuit de dimanche à lundi.

«Le gouvernement de l'État de Borno en consultation avec (l'armée) a décidé d'imposer un couvre-feu de 24 h à Maiduguri», a déclaré le secrétaire du gouvernement Baba Ahmed Jidda.

«L'imposition du couvre-feu a été rendue nécessaire par une attaque perpétrée à Maiduguri par des membres présumés de Boko Haram aux premières heures de la journée», a-t-il dit.

Selon un porte-parole de l'armée, Ibrahim Attahiru, une opération s'est produite près de l'aéroport, mais il n'a pas pu fournir de précisions. D'autres informations non confirmées font état d'une attaque visant l'aéroport et une base aérienne proche.

Un correspondant de l'AFP dans la ville a indiqué que les dernières violences ont commencé vers 3 h (21 h dimanche à Montréal) et qu'on a entendu des tirs et des explosions de bombes.

«Ils ont pénétré dans Maiduguri en provenance de la brousse, scandant "Allahu Akbar" (Dieu est grand)», a déclaré un agent du renseignement. Il a ajouté que des insurgés avaient été arrêtés, mais il n'a pas dit combien.

Des ambulances ont été vues quitter la base aérienne et le quartier voisin de Ngomari, selon le correspondant qui a ajouté que les rues de la ville étaient vides.

Les assaillants auraient aussi attaqué des barrages militaires à l'extérieur de la ville.

Appel au calme

Selon des habitants, il y a eu des morts, mais ces informations n'ont pas pu être précisées ni confirmées dans l'immédiat.

Le secrétaire du gouvernement de Borno, M. Jidda, a appelé la population à «rester calme et à respecter la loi jusqu'à ce que l'on reprenne le contrôle de la situation».

Il a ajouté que les forces de sécurité «feraient tout ce qui est possible pour garantir les vies et biens des citoyens».

«Seuls les véhicules répondant à des urgences et les services essentiels sont autorisés pendant la période» du couvre-feu, celui-ci «sera levé dès que la situation s'améliorera».

Le groupe Boko Haram qui a été fondé à Maiduguri il y a plus de dix ans et y a lancé de nombreuses attaques a été placé le mois dernier sur la liste des organisations «terroristes» par les États-Unis.

Vingt-quatre personnes ont été tuées dans le Borno la semaine dernière encore dans deux attaques attribuées à Boko Haram alors que le bilan de l'insurrection lancée par Boko Haram en 2009 et de sa féroce répression est estimé à plusieurs milliers de morts.

Les communications téléphoniques sont coupées avec l'État de Borno depuis que l'armée y a lancé une grande offensive anti Boko Haram en mai et que l'état d'urgence y a été imposé.

L'offensive de l'armée, dont les derniers évènements de Maiduguri font douter du succès, concerne également deux autres États du nord-est du Nigeria où les islamistes sont très actifs.

Samedi, l'armée avait annoncé un renforcement des mesures de sécurité dans les communautés du nord proches des frontières du Tchad, Niger et Cameroun de crainte d'attaques de Boko Haram pendant la période de Noël et du Nouvel An.

Les insurgés ont déjà lancé des attaques meurtrières pendant la période de Noël : le 25 décembre 2011, une vague d'attaques contre des églises et la police avait tué 49 personnes.

IMAGE ARCHIVES AFP

Le gouvernement nigérian a lancé en mai une vaste offensive pour tenter de mettre fin à l'insurrection du groupe islamiste, qui dure depuis quatre ans et a fait des milliers de morts.