Le président français François Hollande a pressé mercredi la communauté internationale d'«agir» au plus vite pour mettre fin aux «exactions» contre la population en Centrafrique, dont le régime a promis de recourir à des «mesures exceptionnelles» pour neutraliser «les criminels et les pillards».

«On ne peut pas admettre les exactions» en cours en Centrafrique, «la communauté internationale doit agir et la France compte bien prendre sa part de responsabilités», a déclaré lors d'un conseil des ministres François Hollande, dont les propos étaient rapportés par la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem.

La France, ancienne puissance coloniale et qui a un contingent de 400 hommes à Bangui, s'est dit prête à plusieurs reprises à augmenter son engagement en Centrafrique, dans le cadre d'un mandat de l'ONU, pour épauler la force africaine (Misca) en cours de déploiement, mais qui manque de matériels et de moyens financiers.

«Dès la semaine prochaine, peut-être même avant, devrait être engagé un nouveau projet de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies pour soutenir le déploiement d'une force africaine sur le territoire (centrafricain), à laquelle la France apportera tout son soutien», a ajouté Mme Vallaud-Belkacem, qualifiant d'«extraordinairement grave» la situation en RCA.

Une discussion doit s'engager le 25 novembre au Conseil de sécurité sur la base du rapport du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon, remis lundi dernier aux pays membres du Conseil et qui présentait «plusieurs options pour renforcer le soutien à la force africaine», dont l'envoi de 6000 Casques bleus.

Après une relative accalmie, les violences ont repris depuis début novembre à Bangui, avec des attaques à main armée et des meurtres faisant de plus en penser à des actes de pur banditisme, dans une ville où les armes de guerre prolifèrent.

Villages vidés de leurs habitants

En province, une partie du pays est en proie à des affrontements entre chrétiens et musulmans, entre groupes «d'autodéfense» et ex-rebelles, qui continuent de faire subir aux populations harcèlement et pillages. De nombreux villages ont été vidés de leurs habitants, qui se terrent en brousse.

À la tête de la coalition rebelle Séléka, Michel Djotodia a renversé le 24 mars le président François Bozizé. Investi président, M. Djotodia a dissout la Séléka, mais les forces de sécurité sont impuissantes à neutraliser les ex-rebelles.

«Des mesures exceptionnelles sont prises pour le rétablissement de la sécurité» dans le pays, a néanmoins affirmé la présidence centrafricaine mardi soir, assurant de la «détermination» du président «à traquer tous les criminels, les pillards». La présidence n'a toutefois fourni aucune indication sur la nature de ces mesures.

Sur un tout autre registre - mais qui illustre le chaos régnant dans un pays où il n'y a plus aucune administration de l'État dans des régions entières -, un responsable de l'ONU a indiqué mercredi que le chef rebelle ougandais Joseph Kony, recherché depuis des années pour crimes contre l'humanité, se cacherait actuellement en Centrafrique.

Le président Djotodia «nous a dit qu'il était en contact» avec Kony, qu'il était peut-être malade, et qu'il lui avait fourni «des sacs de nourriture» à sa demande, a déclaré le représentant spécial de l'ONU pour l'Afrique centrale Abou Moussa.

Les autorités de Bangui discutent avec lui pour qu'il sorte de la clandestinité, a-t-il ajouté.

Joseph Kony dirige la sinistre rébellion ougandaise de l'Armée de libération du Seigneur (LRA), qui a tué plus de 100 000 personnes et enlevé entre 60 000 et 100 000 enfants en Afrique centrale ces 25 dernières années, selon un récent rapport de l'ONU.

L'armée ougandaise, appuyée par une centaine de soldats américains, mène depuis 2008 une chasse à l'homme pour retrouver Joseph Kony, notamment en Centrafrique.