La diplomatie américaine s'est alarmée mardi d'une situation de «pré-génocide» en République centrafricaine (RCA), à mesure que le pays s'enfonce dans les violences inter-communautaires, notamment entre chrétiens et musulmans.

«Je ne crois pas que nous soyons dans une situation de génocide. Nous sommes dans une situation pré-génocidaire, comme l'ont dit un émissaire de l'ONU et d'autres experts», a indiqué un directeur du bureau Afrique du département d'État, Robert Jackson, devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants.

Le haut responsable faisait référence à une déclaration le 1er novembre de Adama Dieng, chargé de la prévention des génocides à l'ONU, qui avait prévenu que la RCA pourrait devenir le théâtre d'un «génocide», à l'heure où les violences inter-communautaires risquent de prendre un tour religieux entre chrétiens et musulmans.

M. Jackson a également souligné que les États-Unis privilégiaient le renforcement de la Misca (Mission internationale de soutien en Centrafrique), une force militaire mise en place par l'Union africaine, mais qui peine à tenir son rôle, par manque de moyens.

«À l'heure actuelle, nous ne soutenons pas la création d'une mission de maintien de la paix de l'ONU, dont la mise sur pied prendrait des mois, et nous pensons que la Misca est le meilleur mécanisme pour lutter contre la violence en cours en RCA», a affirmé M. Jackson.

La Centrafrique continue de s'enfoncer dans le chaos, au rythme des violences quotidiennes dans les provinces reculées comme à Bangui, ce qui a poussé lundi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à demander l'envoi de 6000 Casques bleus.

M. Ban a averti d'un «niveau alarmant de violence inter-communautaire» entre chrétiens et musulmans, disant craindre un «conflit religieux et ethnique à l'échelle du pays avec le risque d'aboutir à une spirale incontrôlable débouchant sur des atrocités».

Le pays vit au rythme d'affrontements entre chrétiens et musulmans, entre groupes «d'auto-défense» et ex-rebelles de la Séléka (parvenus au pouvoir en mars après avoir renversé le président François Bozizé), auxquels s'ajoute une forte poussée du banditisme dans la capitale Bangui, où de nombreuses armes circulent.