Vingt victimes des violences postélectorales de 2007 au Kenya se sont retirées du procès visant le vice-président kényan William Ruto, probablement pour des raisons de sécurité, a indiqué jeudi la Cour pénale internationale (CPI).

«20 personnes» ont indiqué à leur avocat «qu'elles ne souhaitaient plus continuer de participer au procès», ont déclaré les juges de la CPI, basée à La Haye.

«La décision de se retirer pourrait avoir été motivée par plusieurs facteurs, notamment des inquiétudes sur leur sécurité», ont-ils ajouté.

Début juin, la cour avait reçu une lettre de 93 victimes qui disaient qu'elles souhaitaient mettre fin à leur participation aux deux procès visant l'exécutif kényan.

William Ruto et le président kényan Uhuru Kenyatta sont tous deux poursuivis pour crimes contre l'humanité dans les violences postélectorales au Kenya fin 2007-début 2008, qui avaient fait plus de 1000 morts et 600 000 déplacés.

Le procès de M. Ruto avait commencé le 10 septembre. Il est le plus haut responsable à comparaître devant la CPI.

M. Kenyatta devait comparaître à partir de mardi, mais son procès a été reporté à février 2014.

Dans leur lettre datée du 5 juin, les 93 victimes de violences, survenues dans la ville de Turbo (ouest du Kenya), écrivaient qu'elles ne voulaient désormais plus participer aux procès Kenyatta et Ruto. Sur ces 93 personnes, 47 devaient témoigner au procès de M. Ruto.

Néanmoins, sept d'entre elles ont changé d'avis depuis l'envoi de la lettre et souhaitent continuer à être représentées.

Vingt autres victimes n'ont pas pu être jointes et sont considérées comme participant toujours aux procès, ont ajouté les juges.

Au moins quatre personnes avaient été assassinées à Turbo pendant les violences de fin 2007, d'après une précédente audience.

Au total, 628 victimes seront représentées devant la CPI par l'avocat kényan Wilfred Nderitu, selon le porte-parole de la cour Fadi El Abdallah.

MM. Kenyatta et Ruto, élus en mars, sont les premiers dirigeants en exercice jugés par la CPI. Ils sont poursuivis séparément depuis 2011 pour leurs responsabilités respectives dans les terribles violences politico-ethniques sur lesquelles avait débouché la présidentielle de fin 2007, au cours de laquelle ils appartenaient à deux camps opposés.